Santé psychologique

Coronavirus: comment concilier travail, famille et confinement sans culpabilité?

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Travailler de la maison tout en s’occupant des enfants : voilà le défi que doivent relever plusieurs milliers de parents depuis le 13 mars dernier. Si, en temps normal, notre quotidien était une course effrénée, celle-ci a peut-être ralenti, mais son parcours est désormais jalonné de plusieurs obstacles. La psychologue Nadia Gagnier nous aide à ne pas laisser la culpabilité participer à cette épreuve.

Coronavirus: comment concilier travail, famille et confinement sans culpabilité?
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Depuis que nous sommes confinés à la maison en raison de la Covid-19, pas une journée ne passe sans que les réseaux sociaux diffusent des idées pour passer le temps à la maison et stimuler les enfants. Des bricolages tous plus originaux les uns que les autres succèdent à de super méthodes pour que les enfants poursuivent leurs apprentissages scolaires, à des façons de garder la forme en famille ou à des recettes réconfortantes.

 

En voyant défiler ce festival de la perfection, il peut être facile de se demander pourquoi les autres semblent tellement en contrôle, alors que chez nous les choses tournent un peu carré.

« Il faut apprendre à être indulgent envers soi-même et garder en tête que s’adapter à une nouvelle routine et établir de nouvelles bases dans un tel contexte puisse prendre plusieurs semaines. »

– La psychologue Nadia Gagnier

 

Certes, toutes ces recommandations sont pour la plupart géniales, mais la psychologue Nadia Gagnier souligne que cela ne veut pas dire qu’elles conviennent à toutes les réalités professionnelles et familiales. « C’est vraiment du cas par cas : il faut filtrer ces informations en les considérant davantage comme des pistes d’inspiration et non comme des règles à suivre », avance-t-elle en ajoutant qu’il faut aussi s’accorder du temps pour trouver notre rythme de croisière dans cette nouvelle situation de confinement. On vous propose d’ailleurs plusieurs pistes pour créer un horaire qui s’adapte à votre réalité dans cet article.

 

 

« Nous voulons tous bien faire, mais malgré notre bonne foi, nous sommes plongés dans un état de torpeur à l’égard de cette nouvelle réalité, explique la psychologue. Plusieurs sont stressés, font de l’insomnie, manquent de concentration. Il est donc tout à fait normal de ne pas savoir par où commencer pour apprivoiser cette nouvelle dynamique. Il faut apprendre à être indulgent envers soi-même et garder en tête que s’adapter à une nouvelle routine et établir de nouvelles bases dans un tel contexte puisse prendre plusieurs semaines. »

 

L’art de relativiser

La première chose à faire consiste donc à apprendre à gérer nos attentes envers soi-même, mais aussi envers les autres, enfants ou conjoint(e). « Même si habituellement nos enfants ne présentent pas de problème de comportement, il est possible d’en voir apparaître », prévient Mme Gagnier. L’éclatement de la routine, l’arrêt des activités parascolaires, l’isolement social, l’incertitude figurent parmi les facteurs qui peuvent générer de l’anxiété, de l’irritabilité ou de l’opposition. Rien de plus normal! Ce n’est donc pas le temps de leur mettre plus de pression sur les épaules.

 

famille heureuse

 

La psychologue nous invite aussi à relativiser le flot d’informations qui passent sur les réseaux sociaux : « Oui, il y a des parents qui partagent des photos de la cabane construite pour ses enfants au sous-sol, de sacs remplis de nourriture au congélo ou de l’organisation parfaite du garde-manger ou du tiroir à épices. Mais il faut comprendre que pour eux aussi la situation génère peut-être beaucoup d’angoisse, et que les quelques mentions “j’aime” qu’ils récoltent ainsi constituent une façon d’obtenir du réconfort. Tout le monde est à la recherche d’une nouvelle manière de vivre. »

 

 

Se donner le temps

Nadia Gagnier reconnaît qu’il est facile de tomber dans le piège de la culpabilité, mais elle rappelle que personne n’a le mode d’emploi : « Nous sommes tous dans une dynamique “essais et erreurs”, souligne-t-elle. Ce confinement forcé nous confronte à notre humanité, et il s’agit d’une occasion de faire le point, et de développer son auto-indulgence. Même après quelques semaines, il y aura encore de petits moments de déprime, d’impression de perte de contrôle et de découragement. Accueillir ces émotions et s’accorder le droit de les ressentir nous permet de mieux analyser la situation en vue de trouver les solutions qui conviennent à notre réalité familiale », conclut la psychologue.

 

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