Santé psychologique

Anxiété de performance chez le parent: comment en venir à bout?

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Devenir parent, c’est beaucoup de bonheur, mais aussi bien des inquiétudes. Lorsqu’on veut être une mère ou un père idéal, on veut performer. Voire être parfait. Que faire lorsque l’anxiété de performance s’immisce jusque dans notre rôle de parent?

Anxiété de performance chez le parent: comment en venir à bout?
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Qu’est-ce que l’anxiété de performance?

La psychologue Sylvie Boucher définit l’anxiété de performance comme « un état d’appréhension, de tension ou de malaise causé par la peur de l’échec ».

 

« La raison pour laquelle une personne va souffrir d’anxiété de performance est parce qu’il y a un décalage entre les attentes qu’elle perçoit ou qu’elle s’impose à elle-même et son sentiment de compétence, spécifie-t-elle. Ce décalage est relié à la peur de l’échec, de ne pas être à la hauteur, de se sentir jugé ou rejeté, par exemple. Et à la limite, ça peut même être associé à de la honte. »

 

« Pour qu’un enfant se porte bien, ça ne prend pas un parent parfait, mais un parent suffisamment bon. En tant que parent, tu dois combler du mieux que tu peux la majorité des besoins de ton enfant et y être attentif. Le parent parfait n’existe pas. » – Sylvie Boucher, psychologue

Le parent parfait

Sylvie Boucher mentionne que l’anxiété de performance peut se manifester dans notre rôle de parent. Elle peut être reliée au bien-être de l’enfant où à l’image de soi comme parent. « Performer en tant que parent implique la réussite de l’éducation de son enfant. Il faut qu’il soit, par ailleurs, bien habillé, bien élevé, participe à de belles activités, qu’il réussisse bien à l’école », explique la psychologue. Et il y a une perception sous-jacente que si l’on réussit, si l’on performe, « on est un bon parent, donc une bonne personne » (bien entendu, la conception du bon parent est variable).

 

Aujourd’hui, beaucoup de femmes (et d’hommes) font de l’anxiété de performance alors qu’elles essaient de combiner deux rôles; celui du parent à temps complet à la maison et celui du parent qui travaille. C’est beaucoup d’obligations et de pression que les parents s’imposent, reconnaît la psychologue.

 

« Pour certaines personnes, si elles performent bien, c’est qu’elles valent quelque chose. Elles confondent la valeur de ce qu’elles font avec la valeur de ce qu’elles sont. Il faut assouplir sa notion de perfectionnisme afin d’augmenter son sentiment de compétence et réduire son anxiété de performance. » – Sylvie Boucher, psychologue

Avoir l’impression de ne pas être à la hauteur

Entrepreneure dans le monde des communications, Marie-Ève (nom fictif), 42 ans et mère de 2 enfants, reconnaît être de nature perfectionniste et exigeante envers elle depuis son enfance. Dans les différentes sphères de sa vie, elle s’en impose beaucoup. Depuis un certain temps, un mal-être perdure. Elle éprouve un sentiment d’inefficacité. Elle ne se sent pas à la hauteur de ses idéaux de réussite dans sa vie professionnelle, personnelle et dans son rôle de parent. Son stress lié à son souci de la performance (qui était généralement sain) s’est transformé en anxiété et perturbe son quotidien. « J’ai le sentiment de ne plus atteindre mes standards, je culpabilise, je prends plus de temps pour effectuer des tâches, je m’inquiète des répercussions que ça peut engendrer de même que du regard des autres », confie-t-elle.

 

Boule dans la gorge, tensions musculaires, fatigue, nervosité, palpitations cardiaques, irritabilité, insomnie, troubles de concentration et de mémoire sont des symptômes qui l’accaparent à certains moments et à différents degrés.

 

 

Comment gérer l’anxiété de performance?

Pour l’aider à gérer son anxiété, Marie-Ève fait du sport. « Bouger me fait du bien au corps et à l’esprit. Je marche, je cours, je fais du yoga et j’apprivoise la méditation. Aussi, je consulte une professionnelle de la santé. Elle m’aide à penser autrement, à adopter des attentes réalistes », affirme-t-elle.

 

La psychologue Sylvie Boucher soutient qu’un élément clé pour reprendre le pouvoir sur son anxiété est qu’il faut d’abord en prendre conscience. « Il faut identifier ses peurs, ses croyances qui peuvent être erronées et les modifier. Pour certaines personnes, si elles performent bien, c’est qu’elles valent quelque chose. Elles confondent la valeur de ce qu’elles font avec la valeur de ce qu’elles sont. Il faut assouplir sa notion de perfectionnisme afin d’augmenter son sentiment de compétence et réduire son anxiété de performance. »

 

Quelques techniques

Les techniques de gestion du stress sont, en outre, de bons outils à considérer pour soulager l’anxiété de performance, soit :
— faire des exercices de respiration et de relaxation;
— rire;
— prendre soin de son sommeil et de son alimentation;
— bouger énergiquement;
— travailler ses pensées ainsi que les émotions;
— pratiquer la méditation pleine conscience;
— lâcher prise.

À cela, on peut ajouter : se confier, aller chercher de l’aide professionnelle, reconnaître que les erreurs et les échecs ne sont pas dramatiques, changer son discours intérieur, réduire les sources stressantes et se déconnecter des réseaux sociaux pendant un moment (si vous avez l’impression que tous vos amis réussissent mieux que vous, que leur famille vous semble parfaite).

 

Pas besoin d’être un parent parfait, mais suffisamment bon!

Quand on est soucieux de jouer son rôle de parent à la perfection, on s’en demande beaucoup. « On veut donner de la présence, combler les besoins de nos enfants, les désirs, voire les caprices, qu’ils fonctionnent bien… C’est trop! Pour qu’un enfant se porte bien, ça ne prend pas un parent parfait, mais un parent suffisamment bon. En tant que parent, tu dois combler du mieux que tu peux la majorité des besoins de ton enfant et y être attentif. Le parent parfait n’existe pas », dit la psychologue.

 

L’impact : du parent à l’enfant

Il faut savoir que l’anxiété de performance d’un parent se transmet à un enfant, mais inutile de culpabiliser. Sachez que vous avez aussi la capacité d’influencer positivement, mais retenez qu’il faut tout de même faire attention à l’exemple qu’on leur donne… parce que les enfants n’écoutent pas ce que l’on dit, ils font ce que l’on fait!

D’ailleurs, la psychologue Sylvie Boucher rappelle ceci : « prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de son enfant! »

 

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