Mélanie Bilodeau est psychoéducatrice spécialisée en périnatalité et petite enfance. Elle est l’auteure du livre Soyez l’expert de votre bébé publié l’automne dernier aux éditions Midi Trente. Elle a accepté de sortir de son créneau habituel de petite enfance le temps d’un webinaire Vifa Magazine, parce qu’après tout, elle est aussi maman confinée à la maison avec son amoureux et ses enfants de 15, 9 et 7 ans.
Pour voir le webinaire complet avec Mélanie Bilodeau
Comment jongler avec la fameuse culpabilité en contexte de confinement?
1. Ne pas se comparer
« La culpabilité vient avec le rôle de parent! On se remet constamment en question, on se sent souvent coupable, même si le niveau de culpabilité diffère d’un parent à l’autre. Mon premier conseil serait vraiment d’éviter de se comparer, particulièrement dans le contexte actuel. On a tous des réalités différentes. Ça ne sert à rien de se comparer avec sa collègue de travail, sa voisine ou sa belle-sœur. L’idée c’est de regarder sa propre réalité. Si je suis en télétravail seule avec trois enfants, ma performance ne sera pas la même qu’une collègue qui a un enfant et qui reçoit de l’aide de son conjoint. Ni ma patience! Il faut être réaliste par rapport à nos défis personnels et non ceux du voisin. »
2. Reconnaître ses besoins et ce qui nous nourrit en tant que parent
« La culpabilité se manifeste lorsqu’il y a un écart entre nos besoins et nos valeurs. Donc entre notre réalité et notre idéal familial, personnel ou professionnel. En ce moment, nous avons des défis supplémentaires, et c’est important de cibler nos besoins en tant que parents. Parce que les moments où on va se sentir coupable et où le stress va augmenter, c’est les moments où on a l’impression qu’on n’arrive pas à répondre à nos besoins de parents et ceux de nos enfants. Il faut reconnaître nos besoins, et savoir prendre du temps pour soi, pour trouver l’équilibre et prévenir le burnout parental. Il faut trouver ce qui nous nourrit dans ce nouveau contexte, pour se donner de l’énergie pour les situations qui vont nous drainer par la suite. »
3. Voir le côté constructif de la culpabilité
« Un parent qui ne se sent pas coupable, ce n’est pas normal! La culpabilité peut être constructive et peut devenir un moteur de changement extraordinaire. Pas de malaise, pas de changement! C’est dans la culpabilité qu’on construit, qu’on évolue, qu’on se remet en question, qu’on réajuste ses façons de faire. Une culpabilité qu’on porte tout le temps, mais avec laquelle on ne fait rien, ça ne donne absolument rien! »
4. Faire son gros possible
« L’idée, c’est de faire notre gros possible en tant que parent. Se demander chaque jour si on a donné notre 100% comme parent. Et donner 100%, c’est dans la mesure de ce qu’on est capable de donner. Et il y a des journées où notre sentiment d’efficience avec les enfants n’est que de 50%, mais il faut donner 100% de ce 50%! Si vous ne voyez pas ce que vous auriez pu faire de plus, c’est que vous avez donné le meilleur! Il faut essayer de se décharger un peu! »
Quels sont les meilleurs trucs pour concilier travail et école à la maison?
1. Observer sa dynamique familiale
« Dans une nouvelle réalité comme on le vit actuellement, la première chose à faire est d’observer sa dynamique familiale. De mon côté, j’ai observé et j’ai noté les moments où c’était chaotique, pour essayer de trouver des stratégies. Ça permet d’observer les moments où les enfants ont besoin de moi. Ensuite, ça ne sert à rien de s’entêter à travailler aux moments où les enfants ont besoin. On est mieux de leur donner du temps, puis se consacrer au travail ensuite. Ça permet aussi de cibler les moments où les enfants seront plus disposés à l’école à la maison. »
2. Ne pas se mettre de pression
« Les parents ne doivent pas se mettre la pression d’être des pédagogues. Les apprentissages peuvent se faire à travers le vécu partagé. À travers la cuisine par exemple, qui permet de faire des mathématiques. Ou encore des jeux de société, qui permettent de favoriser les apprentissages de l’enfant. Ces moments seront plus agréables pour tout le monde. Plus on va être directif, plus on risque d’avoir de la confrontation de la part des enfants. »
3. Instaurer un horaire / une routine
« Je vous suggère fortement d’avoir un horaire. Le but n’est pas d’être très rigide non plus. On y va selon la dynamique familiale, les besoins des enfants et leur rythme. On peut d’ailleurs y prévoir les moments d’écrans. Et on peut impliquer les enfants dans l’organisation de l’horaire. Je suggère d’y intégrer des moments-clés quotidiens, qui vont sécuriser les enfants. »
Comment préparer le retour à « la réalité » pour nos enfants et nous-mêmes en tant que parents?
1. Éviter le décalage
« Conserver un semblant d’horaire pendant le confinement nous permettra d’éviter les trop grands décalages lors du retour à la routine. Si nos enfants se couchent plus tard qu’à l’habitude en ce moment, ce serait peut-être une bonne idée de revenir à la normale! Souvent, on en a pour une bonne semaine, et même 10 jours, avant que notre horloge biologique se replace. Se coucher et manger à des heures normales. »
2. Se préparer de façon affective et psychologique
« Soyez prêts, comme parents, à accueillir des émotions lors du retour à la réalité. On ne sait pas comment ça va se passer, mais on se doute que le climat sera différent qu’à l’accoutumée, surtout si on doit respecter le 2 mètres de distanciation. Les enfants sont des éponges; ils ressentent la tension, la nouveauté, et ils risquent d’exploser lorsqu’ils vont revenir à la maison, surtout les plus anxieux. Avoir cela en tête comme parent risque de rendre les choses moins surprenantes, et moins frustrantes. On doit accueillir ça et nommer les émotions qu’on croit que notre enfant ressent. »
3. Se laisser le temps de s’adapter
« S’adapter à une nouvelle situation peut prendre jusqu’à 3 semaines. Il n’y a rien d’anormal là-dedans. C’est normal que les enfants soient désorganisés, ça risque d’être un peu décousu, et ce sera tout à fait correct! »
Parents, comment survivre au confinement? Les 10 conseils d’une psychoéducatrice
Le contexte actuel amène son lot d’incertitudes pour les parents. Comment conjuguer vie familiale et professionnelle en ajoutant l’école à la maison? Comment jongler avec le stress et la culpabilité de ne pas tout réussir? Comment préparer le retour à la réalité? La psychoéducatrice Mélanie Bilodeau a répondu à ces questions lors d’un webinaire Vifa Magazine destiné aux parents, durant lequel elle a partagé ses meilleures astuces développées depuis le début de la pandémie.
Mélanie Bilodeau est psychoéducatrice spécialisée en périnatalité et petite enfance. Elle est l’auteure du livre Soyez l’expert de votre bébé publié l’automne dernier aux éditions Midi Trente. Elle a accepté de sortir de son créneau habituel de petite enfance le temps d’un webinaire Vifa Magazine, parce qu’après tout, elle est aussi maman confinée à la maison avec son amoureux et ses enfants de 15, 9 et 7 ans.
Pour voir le webinaire complet avec Mélanie Bilodeau
Comment jongler avec la fameuse culpabilité en contexte de confinement?
1. Ne pas se comparer
« La culpabilité vient avec le rôle de parent! On se remet constamment en question, on se sent souvent coupable, même si le niveau de culpabilité diffère d’un parent à l’autre. Mon premier conseil serait vraiment d’éviter de se comparer, particulièrement dans le contexte actuel. On a tous des réalités différentes. Ça ne sert à rien de se comparer avec sa collègue de travail, sa voisine ou sa belle-sœur. L’idée c’est de regarder sa propre réalité. Si je suis en télétravail seule avec trois enfants, ma performance ne sera pas la même qu’une collègue qui a un enfant et qui reçoit de l’aide de son conjoint. Ni ma patience! Il faut être réaliste par rapport à nos défis personnels et non ceux du voisin. »
2. Reconnaître ses besoins et ce qui nous nourrit en tant que parent
« La culpabilité se manifeste lorsqu’il y a un écart entre nos besoins et nos valeurs. Donc entre notre réalité et notre idéal familial, personnel ou professionnel. En ce moment, nous avons des défis supplémentaires, et c’est important de cibler nos besoins en tant que parents. Parce que les moments où on va se sentir coupable et où le stress va augmenter, c’est les moments où on a l’impression qu’on n’arrive pas à répondre à nos besoins de parents et ceux de nos enfants. Il faut reconnaître nos besoins, et savoir prendre du temps pour soi, pour trouver l’équilibre et prévenir le burnout parental. Il faut trouver ce qui nous nourrit dans ce nouveau contexte, pour se donner de l’énergie pour les situations qui vont nous drainer par la suite. »
3. Voir le côté constructif de la culpabilité
« Un parent qui ne se sent pas coupable, ce n’est pas normal! La culpabilité peut être constructive et peut devenir un moteur de changement extraordinaire. Pas de malaise, pas de changement! C’est dans la culpabilité qu’on construit, qu’on évolue, qu’on se remet en question, qu’on réajuste ses façons de faire. Une culpabilité qu’on porte tout le temps, mais avec laquelle on ne fait rien, ça ne donne absolument rien! »
4. Faire son gros possible
« L’idée, c’est de faire notre gros possible en tant que parent. Se demander chaque jour si on a donné notre 100% comme parent. Et donner 100%, c’est dans la mesure de ce qu’on est capable de donner. Et il y a des journées où notre sentiment d’efficience avec les enfants n’est que de 50%, mais il faut donner 100% de ce 50%! Si vous ne voyez pas ce que vous auriez pu faire de plus, c’est que vous avez donné le meilleur! Il faut essayer de se décharger un peu! »
Quels sont les meilleurs trucs pour concilier travail et école à la maison?
1. Observer sa dynamique familiale
« Dans une nouvelle réalité comme on le vit actuellement, la première chose à faire est d’observer sa dynamique familiale. De mon côté, j’ai observé et j’ai noté les moments où c’était chaotique, pour essayer de trouver des stratégies. Ça permet d’observer les moments où les enfants ont besoin de moi. Ensuite, ça ne sert à rien de s’entêter à travailler aux moments où les enfants ont besoin. On est mieux de leur donner du temps, puis se consacrer au travail ensuite. Ça permet aussi de cibler les moments où les enfants seront plus disposés à l’école à la maison. »
2. Ne pas se mettre de pression
« Les parents ne doivent pas se mettre la pression d’être des pédagogues. Les apprentissages peuvent se faire à travers le vécu partagé. À travers la cuisine par exemple, qui permet de faire des mathématiques. Ou encore des jeux de société, qui permettent de favoriser les apprentissages de l’enfant. Ces moments seront plus agréables pour tout le monde. Plus on va être directif, plus on risque d’avoir de la confrontation de la part des enfants. »
3. Instaurer un horaire / une routine
« Je vous suggère fortement d’avoir un horaire. Le but n’est pas d’être très rigide non plus. On y va selon la dynamique familiale, les besoins des enfants et leur rythme. On peut d’ailleurs y prévoir les moments d’écrans. Et on peut impliquer les enfants dans l’organisation de l’horaire. Je suggère d’y intégrer des moments-clés quotidiens, qui vont sécuriser les enfants. »
Comment préparer le retour à « la réalité » pour nos enfants et nous-mêmes en tant que parents?
1. Éviter le décalage
« Conserver un semblant d’horaire pendant le confinement nous permettra d’éviter les trop grands décalages lors du retour à la routine. Si nos enfants se couchent plus tard qu’à l’habitude en ce moment, ce serait peut-être une bonne idée de revenir à la normale! Souvent, on en a pour une bonne semaine, et même 10 jours, avant que notre horloge biologique se replace. Se coucher et manger à des heures normales. »
2. Se préparer de façon affective et psychologique
« Soyez prêts, comme parents, à accueillir des émotions lors du retour à la réalité. On ne sait pas comment ça va se passer, mais on se doute que le climat sera différent qu’à l’accoutumée, surtout si on doit respecter le 2 mètres de distanciation. Les enfants sont des éponges; ils ressentent la tension, la nouveauté, et ils risquent d’exploser lorsqu’ils vont revenir à la maison, surtout les plus anxieux. Avoir cela en tête comme parent risque de rendre les choses moins surprenantes, et moins frustrantes. On doit accueillir ça et nommer les émotions qu’on croit que notre enfant ressent. »
3. Se laisser le temps de s’adapter
« S’adapter à une nouvelle situation peut prendre jusqu’à 3 semaines. Il n’y a rien d’anormal là-dedans. C’est normal que les enfants soient désorganisés, ça risque d’être un peu décousu, et ce sera tout à fait correct! »
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