De nombreux parents sont perplexes en voyant leurs enfants presque constamment rivés aux écrans. Est-ce que cela nuit à leur santé physique et mentale? Devrait-on limiter le temps d’écran à la maison?
Les écrans exercent une grande force d’attraction chez les enfants. « Les enfants sont curieux et très attirés par tout ce qui bouge et fait du bruit », explique la sociologue Monique Caron-Bouchard.
Les écrans leur donnent l’occasion de s’approprier de nouveaux pouvoirs, par exemple, ceux d’expérimenter et d’être connecté aux autres. Quand ils jouent à l’écran, les jeunes éprouvent un sentiment de liberté, de contrôle. De plus, ils aiment utiliser Facebook ou YouTube comme vitrine pour se faire voir et être appréciés des autres. »
Quels avantages les parents retirent-ils du fait que leur progéniture passe du temps devant les écrans? Interrogés à ce sujet, la majorité d’entre eux disent en profiter pour accomplir des tâches ménagères ou s’occuper d’un autre enfant. Cela leur donne aussi l’occasion de prendre une douche ou de s’habiller sans être dérangés ou encore de faire patienter les enfants en voiture ou au restaurant.
Le « temps d’écran » englobe tous les types d’écrans : téléphone intelligent, tablette électronique, télévision, jeu vidéo et ordinateur.
Des statistiques troublantes
Les données ci-dessous reflètent l’omniprésence des écrans dans nos vies.
- Des chercheurs américains ont découvert que plus de 90 % des enfants commencent à regarder la télévision avant l’âge de 2 ans et qu’un enfant sur trois est capable d’utiliser un téléphone intelligent ou une tablette électronique avant de savoir parler!
- Selon la Société canadienne de physiologie de l’exercice, les Canadiens de 5 à 17 ans passent, en moyenne, plus de sept heures par jour devant leurs écrans.
Force est de constater qu’il reste bien peu de temps aux jeunes pour faire autre chose que du temps d’écran. Selon Mme Caron-Bouchard, les activités des jeunes ne sont pas assez diversifiées. « Les enfants ne devraient pas se limiter aux gadgets électroniques, mais aussi lire, bricoler, jouer avec des figurines ou des casse-tête, faire du sport, interagir avec leurs parents et leurs amis, etc. »
Temps-écran : quelles sont les recommandations canadiennes? |
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La Société canadienne de pédiatrie recommande aux parents de ne pas exposer leurs tout-petits de moins de 2 ans à un écran, quel qu’il soit.
Selon la Société canadienne de pédiatrie, les enfants de 2 ans à 4 ans ne devraient pas passer plus d’une heure par jour devant un écran.
Selon les directives canadiennes en matière de mouvement destinées aux jeunes de 5 à 17 ans, il faut limiter à un maximum de deux heures par jour le temps de loisir passé devant un écran. |
Pour ou contre les écrans?
Les avantages
L’Académie américaine de pédiatrie considère que les activités devant des écrans peuvent être bénéfiques pour le développement des enfants dans la mesure où ceux-ci sont exposés à du contenu de qualité. Par exemple, des applications comme Skype ou Facetime peuvent favoriser les interactions sociales.
Diverses études démontrent que certaines applications améliorent la capacité de résolution de problèmes, l’aptitude à suivre des consignes, le contrôle de soi, le multitâche, l’attention, la mémoire, la logique, la coordination main-œil et la motricité fine. Certains jeux peuvent réduire le stress et avoir un effet positif sur les habiletés sociales, surtout s’ils misent sur la coopération entre les joueurs.
Il existe aussi des jeux vidéo physiquement actifs pratiqués au moyen de consoles de type Wii qui font bouger les participants et favorisent la motricité globale.
Les inconvénients
De nombreuses études se sont penchées sur les conséquences négatives des écrans chez les jeunes. Trop de temps d’écran peut nuire au développement cognitif et psychosocial de l’enfant, à son sommeil et à son alimentation, à sa capacité d’attention et à son rendement scolaire. Cela peut aussi avoir des conséquences négatives sur sa santé physique : risques accrus d’hypertension artérielle, de problèmes de posture, de diabète de type 2, de maladies du cœur, d’embonpoint et d’obésité.
Est-ce que mon enfant est dépendant des écrans? |
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Certains parents craignent que l’intérêt de leur enfant pour l’Internet ne tourne à l’obsession. Au Québec, la cyberdépendance toucherait environ 1,3 % des adolescents. Pour savoir si c’est le cas de votre enfant, consultez notre article Cyberdépendance : est-ce que mon enfant a une dépendance aux écrans? |
Des risques réels
Les enfants qui passent plus de deux heures quotidiennement devant les écrans courent deux fois plus de risques de faire de l’embonpoint ou d’être obèses que ceux dont le temps d’écran est inférieur à une heure par jour.
Selon une étude de l’Institut de la santé publique du Québec (INSPQ), entre 2009 et 2013, 25 % des Québécois âgés de 6 à 17 ans étaient en situation de surplus de poids ou d’obésité.
Donc limiter le temps-écran, oui, sans toutefois l’interdire. Voici d’ailleurs 9 conseils pour utiliser positivement les écrans.
Le sujet vous intéresse? Consultez notre dossier Temps-Écran.
RÉFÉRENCES:
- Bourcier, Sylvie (2010). L’enfant et les écrans, Montréal, Les Éditions du Chu de Sainte-Justine.
- Ferland, Francine (2012). Viens jouer dehors!, Montréal, Les Éditions du Chu de Sainte-Justine.
- Documentaire L’Écran roi
- Accro aux écrans? Des signes à surveiller chez les enfants
- Directives canadiennes en matière d’activité physique et de comportement sédentaire
- Le temps d’écran, une autre habitude de vie associée à la santé
- Les écrans et les jeunes enfants