L’optimisme peut parfois être un vilain défaut. C’est ce que suggère une récente étude canadienne publiée dans le journal Academic Pediatrics. Plus de 80 % des parents pensent en effet que leur enfant court un risque moins élevé que la moyenne en matière de tabagisme ou de prise de poids excessive. La conséquence directe de cette réalité est que les conseils médicaux prodigués sur les saines habitudes de vie à adopter ne sont généralement pas suivis.
Pourtant, les statistiques invitent à la plus grande vigilance quand on est parent :
- 16 % de la population canadienne fume le tabac et 90 % des fumeurs débutent avant l’âge de 18 ans;
- 35 % des enfants québécois présentent un surpoids, et la prévalence d’obésité chez les jeunes Canadiens a augmenté de 3 à 9 % en vingt ans.
Pour mieux comprendre pourquoi l’optimisme peut paradoxalement être dangereux, nous avons interviewé le Dr Olivier Drouin, chercheur et pédiatre au CHU Sainte-Justine, un des auteurs de l’étude.
Selon les résultats de l’étude, est-ce qu’on peut dire que, paradoxalement, l’optimisme est un défaut?
Il y a deux façons de voir les choses et de considérer l’optimisme. Il y a celle qui consiste à être positif par rapport à la vie, ce qui n’est évidemment pas mauvais. Et il y a le cas que l’on appelle l’« optimisme exagéré » qui consiste à refuser de voir la réalité en face. De tout voir avec les lunettes roses en quelque sorte. Dans ce cas, ça peut être un frein, une barrière. C’est ce qui se passe avec certains parents en ce qui concerne l’obésité et le tabagisme de leurs enfants.
À quoi attribuez-vous cet optimisme démesuré? Est-ce lié à l’amour inconditionnel qu’ont les parents pour leurs enfants?
Il est certain que tous les parents souhaitent le meilleur pour leurs enfants, et qu’il est très difficile d’imaginer pour eux un avenir sombre, ce n’est pas naturel de le faire. Cette tendance intrinsèque peut donc venir modifier leur jugement. Par exemple, certains parents fumeurs ont conscience que le tabac est très mauvais et que la réponse logique serait d’arrêter de fumer, mais ils continuent malgré tout de fumer, comme si cette réalité ne s’appliquait pas à eux. C’est une forme de déni d’évidence.
Avez-vous remarqué une corrélation entre l’intensité de l’optimisme et l’âge de l’enfant?
On a remarqué qu’en ce qui concerne le tabac, les parents sont de plus en plus optimistes à mesure que l’âge avance et c’est le phénomène inverse qui se produit avec l’obésité.
Comment contrer cet optimisme exagéré?
Il faut bien avoir conscience que de donner de l’information est toujours nécessaire, mais que ce n’est pas suffisant. J’essaie bien sûr de les aider à faire les bons choix, à adopter les bons comportements alimentaires, mais aussi de leur faire comprendre qu’il y a des paramètres que l’on ne contrôle pas, comme la génétique ou le milieu socio-économique, mais qu’ils peuvent en revanche optimiser les paramètres sur lesquels ils ont le contrôle, je pense à l’exposition au tabac, à l’alimentation, à l’activité physique ou encore au temps devant les écrans. Les médecins de famille et les pédiatres ne devraient pas se contenter de donner de l’information, des faits scientifiques, mais aller plus loin.
Quels outils suggérez-vous pour orienter et aider les parents?
- Faire le défi J’arrête j’y gagne
- Lire le nouveau Guide alimentaire canadien
- Consulter le site Soin de nos enfants
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