Décrochage scolaire: que faire si mon enfant ne veut plus aller à l’école?
La motivation de notre ado pour l’école semble être en chute libre. Un jour, il nous annonce qu’il ne veut carrément plus y aller. S’il y a bien une chose que tout parent redoute, c’est bien celle-là!
La situation
Jérémie a toujours eu beaucoup de facilité à l’école. Mais depuis qu’il est en secondaire 4, le vent a tourné. Ses notes sont loin d’être aussi reluisantes, et dans certaines matières, elles frôlent même l’échec. Au début, Annabelle et Étienne, ses parents, n’en ont pas fait grand cas, croyant à un moment de fatigue passagère. Jusqu’au moment où Jérémie leur annonce qu’il veut prendre une pause de l’école. Pour convaincre ses parents, il leur dit qu’il travaillera plus d’heures dans le resto où il occupe déjà un poste de plongeur. Mais l’idée n’a en fait rien pour les rassurer.
L’avis éclairé
« Le dicton qui dit qu’on peut conduire le cheval à la rivière, mais on ne peut pas le forcer à boire s’applique bien ici, lance le psychologue Christian Savard. On pourrait forcer un jeune à aller à l’école, mais pas à apprendre. L’adolescent qui ne veut vraiment plus aller à l’école pourrait aller jusqu’à saboter sa situation en adoptant un comportement qui le fera expulser de son établissement. Il faut donc agir avec délicatesse. »
Pour Christian Savard, il serait surprenant de découvrir du jour au lendemain que notre enfant veut cesser l’école. « Des signaux auraient pu mettre la puce à l’oreille des parents. Si un jeune ne comprend plus ce qu’il va faire à l’école, qu’il doute que les études lui permettent de s’épanouir et d’être heureux, c’est qu’il y a une raison. Et c’est quand les parents auront déterminé cette dernière qu’ils pourront aider leur enfant. »
Le psychologue soutient que le problème peut prendre racine dans une dépression dont souffrirait le jeune, un problème de consommation abusive de drogue ou d’alcool, de dépendance aux jeux vidéo, une situation d’intimidation ou encore des difficultés cognitives (comme un TDAH) ou un trouble d’apprentissage qui seraient jusqu’à maintenant passés sous le radar.
M. Savard rappelle aussi qu’il serait important de se questionner sur la dynamique familiale : « Parfois, sans s’en rendre compte, les parents exercent une pression énorme sur l’enfant pour qu’il ait de bonnes notes. Ils confondent encouragement à effort et exigence, et cela finit par décourager l’enfant. »
Un précieux support
Générant beaucoup d’incompréhension, d’anxiété et de colère, cette situation pourrait mener les parents à agir promptement sans prendre le temps de réellement écouter l’enfant. Un piège qu’il faut éviter, car celui-ci a plus que jamais besoin d’aide.
« Si vraiment il n’y a pas d’autres issues, on pourrait dire à l’ado que s’il décide de décrocher, il devra trouver du travail et faire sa part à la maison, avance Christina Savard. On pourrait penser qu’on cautionne ainsi la demande, mais transmet plutôt un message fondamental : que, comme parent, je considère que tant que tu étudies, tu as besoin de temps, de concentration et d’appui, ça ne me dérange pas de payer pour toi. Mais si ce fonctionnement ne tient plus la route, on en établira un nouveau. »
« Il faut aussi se rappeler que la vie n’est pas une course ni une ligne droite, et que personne ne va s’engager dans le même chemin. Le monde scolaire ne convient pas parfaitement à tous, mais il faut faire confiance que lorsqu’on a bien fait notre travail de parent, notre enfant parviendra à y tracer sa propre voie. »
En résumé
- Tenter de comprendre ce qui pousse notre enfant à vouloir abandonner l’école et se tourner vers des ressources adéquates (la direction de l’école, un médecin, un psychologue) pour l’accompagner.
- Se montrer présent et à l’écoute, et non tomber dans une attitude de reproche ou de colère.
- Lui démontrer du soutien, mais aussi lui exposer les responsabilités qu’implique le fait d’arrêter l’école, et lui dire qu’il devra intégrer le monde du travail et contribuer à la vie familiale.
- Explorer d’autres avenues comme un changement d’école, cours à distance, éducation aux adultes.
- L’amener à ouvrir ses horizons sur de nouveaux champs d’intérêt.