Santé physique

La participation à des activités parascolaires au secondaire favorise la persévérance scolaire

C’est principalement aux États-Unis qu’ont été menées les études indiquant que la participation à des activités physiques et sportives à l’adolescence favorise la persévérance scolaire. Qu’en est-il au Québec?

La participation à des activités parascolaires au secondaire favorise la persévérance scolaire

François Poulin, professeur de psychologie à l’Université du Québec à Montréal, a mené une recherche pour déterminer les effets de la participation à des activités parascolaires (en dehors de l’école ou à l’école) pendant le secondaire sur la persévérance et la réussite scolaires chez les jeunes, et ce, du secondaire jusqu’à l’université. La recherche a porté sur près de 400 élèves qui fréquentaient la Commission scolaire de Laval en sixième année du primaire, et les a suivis jusqu’à cinq ans après leurs études secondaires, soit de 2001 à 2011.

 

On a tenu compte de trois dimensions de la participation à des activités parascolaires :

 

  • la diversité (le fait de participer simultanément à différents types d’activités);
  • l’intensité (la fréquence et le nombre d’heures consacrées aux activités);
  • la durée (le nombre d’années de participation).

 

L’étude révèle que près de 80 % des élèves du secondaire participent à des activités parascolaires. Les élèves et les étudiants le font davantage dans la communauté plutôt qu’à l’école, autant au secondaire qu’au cégep ou à l’université. En plus des sports individuels et collectifs, il s’agissait d’activités socioculturelles (danse, théâtre, pratique d’un instrument de musique, photo, etc.), de clubs et d’associations (comités étudiants, cadets, implications politiques, club littéraire, etc.), et d’activités prosociales (bénévolat, aide humanitaire, aide aux devoirs, etc.). Il y avait donc des activités physiquement actives et d’autres qui comportaient peu ou pas d’exercice physique. Les sports et les arts étaient les activités parascolaires les plus fréquemment pratiquées. La proportion de jeunes qui participent à au moins une activité parascolaire à l’école ou dans la communauté baisse au fur et à mesure qu’ils vieillissent, avec une diminution marquée après la fin du secondaire. Au cégep, seulement 35 % des élèves pratiquent une activité quelconque.

 

Faits saillants

Ni le nombre d’heures consacrées aux activités parascolaires, ni même la durée de la participation ne semblent être liés à la persévérance scolaire ou à la réussite scolaire. Mais la diversité de la participation, c’est-à-dire le fait de participer à différents types d’activités parascolaires, est particulièrement déterminante, et ce, peu importe le sexe. En effet, la participation à des activités parascolaires pendant les années du secondaire est associée à une plus grande probabilité de fréquenter l’université. En fait, chaque type supplémentaire d’activités parascolaires auquel le jeune participe pendant le secondaire augmente de 40 % les probabilités qu’il fréquente l’université.

 

Le professeur Poulin croit qu’une participation diversifiée peut avoir des effets bénéfiques parce qu’elle permet aux jeunes d’explorer différentes identités, d’être exposés à différents groupes de pairs, à différents adultes responsables des activités, ainsi qu’à différentes sous-cultures d’activités, ce qui favoriserait l’acquisition d’une plus vaste gamme d’expériences, d’habiletés et de compétences.

 

On peut aussi penser que les effets bénéfiques, sur la persévérance scolaire, de la participation à une variété d’activités parascolaires au secondaire passent par d’autres phénomènes : sentiment d’affiliation, fonctions cognitives améliorées, etc.

 

Fait surprenant

Aucune des trois dimensions (diversité, intensité et durée) de la participation à des activités parascolaires au cégep ne contribue à la probabilité d’obtenir un diplôme d’études collégiales (DEC) préuniversitaire ou technique. Il ne semble donc pas y avoir d’effets positifs (ni négatifs) de la participation à des activités parascolaires sur l’obtention d’un DES avant l’âge de 22 ans, ni sur la fréquentation du cégep.

 

Pourtant, comme le soulignait le professeur Poulin et sa collègue A-S Denault (2008) : « De façon générale, les études démontrent que la participation à des loisirs organisés est positivement associée :

 

  • à une meilleure réussite scolaire (Darling, 2005; Eccles et Barber, 1999; Fredricks et Eccles, 2006);
  • à des ambitions scolaires plus élevées (Darling, 2005; Fredricks et Eccles, 2006; Mahoney, Cairns et Farmer, 2003);
  • à la poursuite d’études postsecondaires (Barber, Eccles et Stone, 2001; Eccles et Barber, 1999; Mahoney et al., 2003; Zaff et al., 2003).

 

De plus, les jeunes qui participent démontrent une plus faible probabilité de décrochage scolaire (Mahoney et Cairns, 1997; Mahoney, 2000; McNeal, 1995). »

 

Mises en garde

Les résultats de cette étude ne permettent pas d’affirmer que le lien entre les activités parascolaires au secondaire et la probabilité plus élevée de se rendre à l’université soit un lien de cause à effet. En effet, on ne peut exclure la possibilité qu’il y ait en amont des facteurs qui expliquent à la fois la participation à une variété d’activités parascolaires et la poursuite des études jusqu’à l’université. Ces facteurs pourraient, par exemple, être le style éducationnel des parents ou les revenus du ménage.

 

Le rapport de recherche ne précise pas si la participation à des activités physiques et sportives est associée à une probabilité plus élevée de se rendre à l’université que la participation à des activités d’autres types.

 

Conclusion

On peut penser que les interventions visant à promouvoir les activités parascolaires pendant le secondaire devraient favoriser la participation à une diversité d’activités, tant en dehors de l’école qu’à l’école.

 

Chose certaine, il faut rappeler que les activités physiques et sportives pratiquées pendant l’adolescence sont associées à un très grand nombre d’éléments positifs qui ont trait à la condition physique, la santé physique et mentale, les compétences sociales, les fonctions cognitives, la réussite éducative et d’autres saines habitudes de vie (Comité scientifique de Kino-Québec, 2011).

 

Par Guy Thibault, Kino-Québec

 


Source :

Poulin F (2014) Activités parascolaires et réussite scolaire. Rapport d’une recherche soutenue par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport et par le Fonds Québécois de la recherche sur la société et la culture, 54 pages.

 

Références et lectures suggérées :

  • Comité scientifique de Kino-Québec (2011) L’activité physique, le sport et les jeunes – Savoir et agir. Secrétariat au loisir et au sport, ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, gouvernement du Québec. Avis rédigé sous la coordination de Gaston Godin, 112 p.
  • Darling N et al. (2005) Participation in school-based extracurricular activities and adolescent adjustment. Journal of Leisure Research 37:51-76.
  • Denault A-S et Poulin F (2008) La participation à des loisirs organisés à l’adolescence : État des connaissances sur les déterminants, les effets et les processus associés. Revue de psychoéducation 37:211-26.
  • Fredricks JA et Eccles JS (2006) Is extracurricular participation associated with beneficial outcomes? Concurrent and longitudinal relations. Developmental Psychology 42:698-713.
  • Mahoney JL (2000) School Extracurricular Activity Participation as a Moderator in the Development of Antisocial Patterns. Child Development 71:502-16.
  • McNeal RB (1995) Extracurricular Activities and High School Dropouts. Sociology of Education 68:62-80.
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