Rôle du parent

Mères à vélo: faire tomber les barrières

Les bénéfices du transport actif sont clairs: santé, bien-être, finances et environnement se retrouvent bonifiés par l’intégration du vélo dans le cocktail transport familial. Cependant, une réalité vient compliquer les choses: il est généralement plus difficile pour les femmes, surtout les mères, de s’adonner au vélo.

Mères à vélo: faire tomber les barrières
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Moins de femmes à vélo

En 2020, 47 % des Québécoises faisaient du vélo, contrairement à 62 % des hommes. Le bilan est encore moins flatteur dans l’ensemble du Canada, où seulement 32 % des femmes roulent à vélo. Cependant, tout porte à croire que cela peut changer, puisque certains pays européens où la culture du vélo est forte peuvent se targuer d’atteindre la parité sur les voies cyclables, voire de compter sur une majorité de femmes dans leur population cycliste. Au Danemark, par exemple, les femmes représentent 53 % des cyclistes du pays, alors que ce nombre monte à 55 % aux Pays-Bas. Comment expliquer qu’il soit plus difficile pour les mères québécoises de s’adonner au vélo?

 

 

Mères à vélo : plusieurs obstacles à la pratique

meres avec ses deux enfants pratiquant le velo
Crédit photo : Maxime Juneau/Vélo Québec  Crédit photo introduction : Maxime Juneau/Vélo Québec

Les enjeux sont multiples. D’abord, il est observé que les femmes ont des trajets quotidiens plus complexes que les hommes. Tout ça est encore plus vrai pour les mères, qui sont souvent chargées, en plus de leur emploi, du transport des enfants, de l’épicerie, et plus généralement de s’occuper des courses reliées à la vie familiale. Leurs déplacements sont moins linéaires, et se font plus souvent hors des heures de pointe, rendant plus compliquée l’adoption d’un cocktail transport comprenant le vélo.

 

En plus des enjeux reliés à la logistique de transport, il faut aussi noter que pendant longtemps, le vélo était tout simplement perçu comme une activité réservée aux hommes! Heureusement, un changement s’opère à ce niveau, mais les effets de cette réalité se font encore sentir, et combinés aux autres obstacles, créent un climat défavorable aux femmes à vélo. Les femmes ont aussi à composer avec un environnement social qui ne voit souvent pas le vélo comme une option crédible pour le transport familial. On a eu droit à un malheureux exemple de cette réalité durant l’été 2022, alors que Laura Pedebas, mère de famille et cycliste de Granby, a été signalée à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) par une personne l’ayant vu circuler avec ses deux filles dans la boîte de son vélo-cargo. Cette pratique courante dans les pays européens cités plus haut a été vue ici comme une mise en danger des enfants, c’est dire!

 

Un autre frein à l’adoption du vélo par les femmes se trouve dans le sentiment général d’insécurité qu’elles ressentent en utilisant le réseau routier. Qu’on parle de harcèlement ou d’infrastructures incomplètes, un nombre important de femmes ne se sentent pas en sécurité dans un milieu qui est souvent inadapté à leurs besoins.

 

Il y a également des enjeux purement économiques causés par l’inégalité des salaires entre hommes et femmes. Lorsqu’il vient le temps d’acheter du matériel pour rouler en famille, les mères monoparentales sont inévitablement pénalisées, et n’ont souvent plus les moyens de s’équiper, une fois les enfants à vélo. Il arrive par ailleurs que les conseils reçus lors de l’achat créent un sentiment d’incompréhension qui décourage les femmes, comme le montre ce reportage de Radio-Canada.

 

 

Mères à vélo : des solutions pour inverser la tendance

femmes qui apprenent le velo
Crédit photo : Vélo Québec

 

Amsterdam : un modèle cyclable demandé par des mères!

Amsterdam, la capitale néerlandaise, est l’un des bastions modernes du vélo urbain. Si on la reconnaît comme telle aujourd’hui, c’est en grande partie grâce au mouvement Stop de Kindermoord. Cette mobilisation citoyenne des années 1970 a été menée par des mères de famille néerlandaises, qui ont demandé des mesures claires face à la forte hausse de décès d’enfants causés par les véhicules à moteur. Le mouvement a proposé de revoir les rues afin de prendre en compte les besoins de tous ses utilisateurs, et les rues d’Amsterdam sont devenues les voies sécuritaires et agréables qui la rendent célèbre aujourd’hui.

 

famille a velo

 

Au Québec : l’essor des rues complètes

On retrouve les mêmes idées dans le concept des rues complètes, qui gagne en popularité au Québec. En élaborant des voies qui mettent la sécurité de toutes et tous au centre des plans de travail, on crée des milieux de vie agréables qui invitent toutes les personnes à utiliser les voies publiques. Le vélo devient ainsi une réelle option pour les femmes. Qu’on parle de voies cyclables élargies, d’éclairage sur l’ensemble d’une piste cyclable, ou tout simplement de pistes complètement séparées des rues, il existe de nombreux moyens de rendre les voies cyclables, et les rues en général, plus attirantes pour les femmes et mères de famille.

 

En attendant, sachez réduire les risques en lisant notre article Sécurité à vélo : quand et comment rouler avec bébé?

 

visible à vélo le soir et la nuit velo quebec

 

Toutes à vélo : apprendre le vélo à tous âges

Pour accompagner les bonnes infrastructures, il est également nécessaire de créer des programmes d’apprentissage qui s’adressent spécifiquement aux femmes. C’est ce que propose Vélo Québec avec le programme Toutes à vélo, qui permet à des femmes de tous les horizons d’apprendre le vélo dans un environnement pensé par et pour les femmes. De nombreuses mères de famille ont pu découvrir le vélo dans le cadre du programme.

 

Avec de tels programmes, on s’assure de créer un environnement bienveillant, où les femmes peuvent développer leurs compétences en toute sérénité dans un espace sécurisant. Toutes les questions sont les bienvenues, et toutes les craintes peuvent être exprimées librement sans peur d’être jugée par des cyclistes plus expérimentés.

 

C’est en combinant des solutions qui abordent tous les angles de la problématique que nous pourrons créer un environnement cycliste où les femmes, et plus précisément les mères de famille, se sentiront à l’aise de circuler à vélo. La bonne nouvelle, c’est que les changements nécessaires ne seront pas bénéfiques que pour les femmes, mais bien pour l’ensemble de la population à vélo!

 

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