Rôle du parent

Mon enfant est transgenre: comment l’accompagner?

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Déceler des indices évoquant que son enfant pourrait être transgenre peut générer bien des inquiétudes, surtout quand on ne sait pas vers quelles ressources se tourner. Que faut-il faire et savoir pour lui donner toutes les chances de s’épanouir?

Mon enfant est transgenre: comment l’accompagner?
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Dans un touchant témoignage que nous avons publié en février 2019 (Avoir un enfant transgenre : quand mon fils est devenu ma fille), une maman nous racontait le parcours de sa fille Charlie, née Charlot. Cette famille a eu la chance de croiser la route du Dr Shuvo Ghosh, pédiatre à l’Hôpital de Montréal pour enfant se spécialisant entre autres dans les questions liées à la variance de genre. Mais le manque criant de ressources au Québec fait en sorte que pour plusieurs familles il est malheureusement ardu de trouver du soutien, tant sur le plan médical que psychologique.

 

« Obtenir des services se révèle en effet difficile, car il y a une pénurie de ce côté. À Montréal, il y a le centre de santé Meraki, justement cofondé par le Dr Ghosh, qui offre des soins dans le cadre de son programme de variance de genre, mais l’attente dépasse actuellement un an. En dehors de Montréal, les ressources sont même quasi inexistantes », déplore Antoine Beaudoin Gentes, chargé de projet chez Enfants transgenres Canada. Fondé à Montréal en 2013 par des parents d’enfants transgenres, cet organisme communautaire vise le soutien et le partage d’expériences pour les jeunes transgenres, non binaires ou en questionnement, et pour leurs familles.

 

Quand consulter?

Une petite fille de 3 ans qui affirme que lorsqu’elle sera grande, elle sera « comme papa » ou un garçon qui se plaît à enfiler les robes de princesse de sa sœur : faut-il voir ces attitudes comme des signes précurseurs qu’un enfant est trans ou créatif sur le plan du genre?

 

« Pas du tout, nous indique Antoine Beaudoin Gentes. Entre 3 et 7 ans, les enfants traversent tous une phase d’exploration. À cette étape, le rôle du parent consiste à s’assurer que l’enfant évolue dans un climat d’ouverture et à ne rien forcer pour l’inciter à s’exprimer selon les stéréotypes binaires, soit de genre totalement masculin ou féminin, découlant d’une construction sociale. »

 

Au-delà de cette période, l’écoute et la bienveillance demeurent encore de mise, évidemment. Il est primordial d’accueillir les remises en question de notre enfant et, si on observe qu’il ne semble pas s’identifier au sexe qui lui a été assigné à la naissance, que cela entraîne beaucoup de questionnements, des problèmes ou de la détresse psychologique, il devient alors judicieux de consulter un médecin ou un psychologue. Refuser cette réalité et réprimer l’identité de l’enfant pourrait avoir de graves conséquences sur son épanouissement et pourrait même être considérée comme de la maltraitance. À noter qu’à partir de 14 ans l’accord parental n’est plus nécessaire pour la consultation d’un professionnel. Un adolescent peut donc prendre ses propres décisions quant aux soins qu’il recevra.

 

 

Chacun son histoire

Il faut aussi savoir qu’il n’y a pas de trajectoire typique, bonne ou mauvaise. « Chaque parcours de questionnement et de transition est unique, souligne Antoine Beaudoin Gentes. Le genre de certains enfants se révélera très tôt, pour d’autre ce sera plus tard. »

 

Sur le plan médical, deux avenues peuvent être envisagées avec un endocrinologue, soit un médecin se spécialisant dans les questions hormonales : des bloqueurs d’hormones peuvent être administrés (par injection) pour retarder le déclenchement de la puberté ou encore stopper sa progression si elle est déjà entamée. Cela permet par exemple à l’enfant qui se questionne de continuer sa réflexion identitaire. Il s’agit en quelque sorte d’une pause dont les effets ne sont pas irréversibles, car lorsque le traitement est arrêté, la puberté reprend son cours normal.

 

 

Un enfant peut aussi entamer un traitement hormonal, de testostérone ou d’œstrogène, qui fera en sorte que sa puberté se déroulera en harmonie avec son genre, soit en induisant l’apparition des caractéristiques qui lui sont assignées.

 

« La puberté est une étape importante dans le processus, car si un jeune vit des transformations physiques qui vont à l’encontre de son identité de genre, il peut connaître une détresse psychologique très importante », soutient Antoine Beaudoin Gentes qui rappelle en outre qu’accompagner un enfant en transition peut être une expérience très déstabilisante pour des parents, mais que l’appui et l’ouverture de ceux-ci sont les éléments qui peuvent faire toute la différence.

 

Pour obtenir de l’information sur les ressources :

Enfants Transgenres Canada

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