Rôle du parent

Famille recomposée : le rôle (pas toujours facile) du beau-parent

Article -

Bâtir une bonne entente au sein d’une famille recomposée n’est pas toujours de tout repos, et la relation enfant/beau-parent peut être fragile. La psychologue Nadia Gagnier nous donne ses meilleurs trucs pour trouver l’harmonie.

Famille recomposée : le rôle (pas toujours facile) du beau-parent
Thèmes abordés

La situation

Il y a près de trois ans, Sophie* se séparait de son mari et père de ses deux enfants aujourd’hui âgés de 11 et 13 ans. Quelques mois plus tard, elle faisait la rencontre d’Éric*, lui aussi père d’un enfant de 6 ans. Les deux tourtereaux n’ont fait ni une ni deux, et ont aménagé ensemble. Les choses ont toutefois vite tourné au vinaigre : sur certains points de l’éducation des enfants, Sophie et Éric ne partageaient pas du tout la même vision. Pour certaines choses, elle était plus souple alors que lui exigeait davantage de rigueur, et l’inverse se produisait à propos d’autres aspects.

 

Résultat : les conflits se sont multipliés et ont eu raison du couple qui, après un an et demi de cohabitation, se séparait et vendait sa maison. « Je crois que nous avions tenu pour acquis que, puisque tout allait bien entre nous deux, tout irait bien aussi en mêlant nos familles respectives, explique Sophie. J’ai tenté d’imposer mes règles, lui les siennes, et les enfants n’acceptaient pas de se faire donner des consignes par un adulte qui n’était pas son parent. C’était devenu invivable, même si une semaine sur deux, les enfants n’étaient pas là. »

 

 

L’avis éclairé

Si cette situation vire malheureusement souvent au chaos, il est toutefois possible de l’éviter avec un brin de réflexion, de préparation et de patience. « Plusieurs facteurs peuvent poser problème, dont la rapidité avec laquelle les conjoints aménagent ensemble », soutient Nadia Gagnier, psychologue et auteure de plusieurs livres, dont Mes parents se séparent… et moi, alors? La séparation des parents. « Parfois, le nouveau couple décide d’habiter sous le même toit alors que les deux personnes n’ont même pas pris le temps de bien se connaître mutuellement. C’est sans compter que quand les choses se passent vite, les enfants peuvent se sentir bousculés, voire trahis par l’arrivée dans leur vie d’une belle-mère ou d’un beau-père qu’ils percevront comme une personne rivale. Les enfants peuvent aussi être aux prises avec un conflit de loyauté envers leur autre parent. »

 

Outre se donner du temps, Mme Gagnier évoque d’autres clés afin d’établir des liens sains et durables avec les enfants d’un conjoint : « Il faut faire preuve d’une grande ouverture à communiquer et aussi de flexibilité pour faire les ajustements nécessaires. Il faut savoir identifier et exprimer clairement quelles sont les valeurs qui sont importantes pour nous, mais aussi être prêt à se remettre en question, à apporter certains changements dans nos visions et nos façons de faire avec les enfants », avance-t-elle.

 

Quelques pistes de réflexion

Parce que tous les parcours de familles recomposées sont différents, il n’existe aucune formule magique pour que l’adaptation se fasse bien entre les nouveaux conjoints et les enfants. Toutefois, voici quelques points à considérer qui pourraient aider à y voir plus clair sur ce qui fait par exemple entrave à une bonne entente :

 

  • De quelle façon s’est déroulée la rupture? L’ancien couple est-il en bon ou mauvais terme, et cela peut-il teinter la perception des enfants par rapport à la famille recomposée?
  • Quel âge ont les enfants? Un petit de 2 ans ne réagira pas de la même façon qu’un ado de 14 ans à une rupture et à l’arrivée du nouvel amoureux.
  • Quelle forme prend la garde partagée? L’enfant passe-t-il une semaine chez le parent, ou est-il en visite un week-end sur deux? Dans ce dernier cas, il pourrait ne pas se sentir tout à fait chez lui.
  • Quelle est l’implication attendue par le beau-parent? Dans quelle mesure veut-il s’impliquer dans les soins et l’éducation?

 

En résumé

  • Prendre le temps d’instaurer une intimité et une communication solide et durable dans le couple.
  • Donner l’occasion aux enfants de bien connaître le/la nouveau/nouvelle conjoint(e) avant d’aménager ensemble. Miser sur le lien de confiance avant de passer à un lien d’autorité.
  • S’assurer que les visions, attentes et valeurs en ce qui concerne les enfants et la vie commune soient bien comprises d’une part et d’autres dans le couple.
  • Faire preuve de flexibilité afin de trouver un terrain d’entente avec le conjoint(e) quant à l’éducation des enfants : se demander jusqu’où l’on peut faire certaines concessions.
  • Si la situation semble dans une impasse, il pourrait être judicieux de consulter un ou une psychologue qui pourrait aider à prendre du recul et à faire la lumière de manière rationnelle sur la situation.

 

*Noms fictifs.

 

Infolettre
Pour recevoir par courriel nos plus récents articles.
Abonnez-vous
Infolettre