Des enfants plein les bras et de la broue dans l’toupet. Un ton humoristique et une pointe de cynisme. Des tabous brisés à grands coups de franc-parler et de « vaut mieux en rire qu’en pleurer ». On voit de plus en plus les mères « à boutte » dans les médias, avec une coupe de vin dans une main et un bébé dans l’autre.
Ces mères « à boutte » ont présentement la cote du public et une excellente popularité sur nos différents réseaux. Les mères parlent haut et fort de la culpabilisation, des doutes constants qu’elles éprouvent au quotidien et de la pression sociale liée à l’idée que l’on se fait de la mère parfaite. Il y a moyen de se rendre au bout du rouleau. Ce phénomène nous apporte réconfort et solidarité dans nos rôles de mère, et oui ça fait du bien, je vous l’accorde.
Blasées et surexposées
Cependant, je note une surexposition des mères fatiguées, épuisées, débordées et – malheureusement – blasées. Et c’est ce qui me rend « à boutte » de la mode des mères « à boutte ». Bien évidemment, je déplore le culte de la mère parfaite et la grande pression sociale mise sur les épaules des mamans (et des papas!). Mais je ne crois pas qu’il faille aller vers l’autre extrême pour autant.
À toujours chialer, se dire que nous sommes brûlées et que tout est un fardeau, nous le devenons. Parfois même sans l’être vraiment. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le psychologue américain Robert B. Zajonc, spécialisé dans la psychologie sociale et les phénomènes de groupe. Ses travaux sur l’effet de simple exposition démontrent qu’une exposition répétée à un stimulus modifie le comportement à l’égard de celui-ci.
Sommes-nous en train de nous conditionner à devenir « à boutte »? À trop voir et à trop entendre les mères qui se plaignent de leur situation familiale, nous trouvons désormais qu’il est normal d’être toujours à bout.
Ce n’est pas vrai que nous sommes toujours épuisées, crevées et que toutes tâches sont une insurmontable montagne. Si on est à bout, il faut prendre les moyens nécessaires pour ne plus l’être.
Et si on surexposait le positif?
Je suis une mère de trois filles d’âge scolaire, alors je comprends ce que « culpabilité », « doute », « pression sociale », « charge mentale », « planification familiale », ou encore « routine » veulent dire. Je dois constamment me rappeler que malgré tous les petits soucis du quotidien, il y a plein de belles choses, de petites joies simples, et il faut prendre le temps de les chercher et de les savourer.
Être une mère (ou un père), c’est aussi être une psychologue, une infirmière, une cuisinière, une médiatrice, une plieuse de vêtement, une donneuse de câlins, une prof qui fait les mots-étiquettes et les tables de multiplication, une essuyeuse de nez, une chercheuse de mitaines, une arbitre, une coiffeuse, une femme, une amie, une fille, une fan finie de sa famille…
Je comprends que l’on soit à bout de porter tous ces rôles, mais je pense que nous devons prendre le temps d’être fières.
Fières d’être mère tout court et non fières d’être des mères « à boutte »!
Et c’est ça que nous devons surexposer.
À boutte ou en burnout? |
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Parents, si jamais vous vous sentez véritablement épuisés, irrités, si vous n’arrivez plus à réfléchir ou même à dormir, je vous conseille de consulter notre article : Burnout parental : être à bout de ses enfants… Ça existe et il ne faut pas rester seul avec ça. |