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La noyade secondaire : démêler le vrai du faux

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En 2020, le Québec a enregistré un sombre bilan de 95 décès par noyade. Les jeunes enfants y sont particulièrement vulnérables. Comme parents, on se méfie déjà du risque de noyade, mais faut-il aussi en plus s’inquiéter des risques de noyade secondaire?

La noyade secondaire : démêler le vrai du faux
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En 2017, un jeune américain serait mort d’une noyade secondaire, cinq jours après avoir « bu la tasse » en se baignant. Depuis, cette triste histoire a alimenté l’anxiété parentale. Parce qu’ils prêtent à confusion, les termes « noyade sèche », « noyade à retardement » ou « noyade secondaire » ont été bannis par les organisations officielles comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

 

La noyade secondaire : c’est quoi?

La noyade secondaire, ce n’est absolument pas un enfant qui meurt subitement après quelques jours des suites d’une baignade sans histoire. Extrêmement rare, la noyade secondaire implique d’abord une immersion dans l’eau, puis une aspiration involontaire d’eau dans les poumons (sans être expulsée). L’eau empêche l’échange d’air et irrite les poumons qui réagissent par la production importante de liquide dans les heures et les jours suivants, jusqu’à ce que la victime meurt par asphyxie dans ses propres sécrétions.

 

En somme, un enfant victime de noyade secondaire ne passe pas d’un état de grande forme à la mort en quelques minutes, de façon tout à fait inattendue. L’état dégénère des suites de difficultés respiratoires grandissantes qui s’accompagnent d’indices de détresse probants.

 

On parle plutôt de noyade sèche lorsque le larynx se referme [un laryngospasme] après l’inhalation d’eau, empêchant l’oxygène de monter au cerveau. La mort survient rapidement.

 

 

Les symptômes de la noyade secondaire

En premier lieu, pour qu’il y ait une noyade secondaire, il faut qu’il y ait eu une « quasi-noyade », c’est-à-dire qu’on retrouve un enfant secoué qui tousse énormément ou qui dit avoir avalé de l’eau. Il peut d’ailleurs être intéressant de lui demander si l’eau est entrée par la bouche (et recrachée) ou par le nez (plus problématique). Immédiatement après l’incident, l’enfant tousse beaucoup, et il présente un teint pâle (ou gris) et des lèvres bleuies. Ce sont des signes de détresse respiratoire.

 

Dans les heures et jours à venir, l’enfant gardera une toux ou semblera chercher son air (comme s’il faisait une crise d’asthme), il pourra se plaindre de maux de ventre, de diarrhée ou de vomissements, et il démontrera des signes de fatigue, de léthargie ou d’irritabilité. De la fièvre pourrait aussi surgir et indiquer une infection liée à la présence d’eau dans les poumons. Dans tous les cas, il faut absolument consulter en urgence!

 

Noyade secondaire : pourquoi ne faut-il pas paniquer?

La noyade secondaire est une condition à prendre au sérieux, mais elle ne mérite ni un traitement de faveur particulier par rapport aux risques de noyade ni des inquiétudes supplémentaires. 

 

D’abord, elle n’est pas une condition soudaine qui surprend tout parent attentionné, comme le sous-entend le folklore autour de l’histoire du jeune Américain. Les symptômes qui surviennent directement après la noyade, ainsi que ceux présents dans les heures et jours suivant le « bouillon », laissent présager que quelque chose ne va pas.

Surtout, en limitant les risques de noyade, on évite du même coup les risques de noyade secondaire. S’il n’y a pas d’immersion involontaire, il n’y a pas d’eau dans les poumons, et il n’y aura pas de détresse respiratoire importante. Cet été, il faut veiller à resserrer l’accès aux piscines et aux cours d’eau et à surveiller nos petits — baigneurs ou non — avec vigilance, en tout temps. Voilà la source nº 1 de tous ces drames.

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