Quand j’étais plus jeune, on passait nos étés dans un camping. L’endroit était relativement sécuritaire alors nous jouissions d’une très grande liberté pour développer nos aptitudes physiques et tout le tralala. Je ne me souviens pas de restrictions à jouer avec des roches, des bâtons, des grenouilles et des quenouilles. Encore aujourd’hui, ça fait partie des plus belles années de ma vie!
Partir toute la journée en vélo, et revenir pour le souper, sans stress. Jouer avec tout ce qui traînait sur le terrain, construire des trucs avec nos mains, nous faire mal, pleurer, et recommencer le lendemain. Le rêve.
Puis, j’ai eu un enfant et j’ai commencé à être une maman poule. Bon, plus tard, j’ai appris que j’avais aussi un trouble d’anxiété, ce qui explique pas mal de choses. Avec mes yeux de maman, les roches et les bâtons avec lesquels j’avais tant joué se sont transformés en boulet de canon et en arme de destruction massive. Bon, j’exagère, mais disons que j’ai dû travailler sur moi afin de ne plus penser que le ciel allait tomber sur la tête de mon chérubin à chaque instant.
Les enfants vont se faire mal de toute façon
Il faut faire la paix avec le fait qu’un enfant ne peut pas vivre dans la ouate toute sa vie. Surtout, il faut apprendre à faire confiance à son enfant qui apprendra assez rapidement ce qui fait mal ou non. Certains enfants vont voir le bâton comme une arme, et d’autres vont le voir comme un bâton de randonnée. Ce qui est riche, c’est de les laisser explorer et laisser leur créativité s’exprimer.
On peut aussi amener les enfants à considérer les objets autrement. Est-ce un bâton, ou une baguette magique? Est-ce un bâton, ou la base d’une cabane de castor? Est-ce un bâton, ou le début d’un très beau bricolage?
Voir les choses sous un autre angle
Si on laisse un enfant jouer avec des choses qui nous paraissent dangereuses, on leur permet d’expérimenter et d’inscrire dans leur cerveau les équations nécessaires au fait qu’ils vont développer leur jugement critique. Si un couteau coupe une pomme, le couteau mal utilisé peut aussi couper la peau. Si un bâton est utilisé comme une arme, il peut faire vraiment mal.
Si l’on suit les enfants pas-à-pas en tout temps, et qu’on leur dit quoi faire, on les empêche d’expérimenter, et de voir les choses sous un autre angle.
Se laisser le temps
Je sais que je peux retrouver l’esprit et la sécurité du camping de mon enfance avec mes voisins, dans la ruelle, ou quand on passe nos étés à Natashquan. Avant de montrer la peur, je peux montrer la confiance. C’est ça le plus important. En tant que parent, on apprend, et il faut se laisser le temps. Et c’est pourquoi, même si mon cœur de maman se serre encore un peu quand il le fait, j’ai choisi de laisser mon enfant jouer avec des bâtons.
Un outil précieux pour le jeu risqué |
Consultez la brochure Sécurité bien dosée, enfant comblé, qui offre aux adultes (intervenants ou parents) des pistes de réflexion sur l’importance de la sécurité bien dosée et de la prise de risque pour le développement de l’enfant ainsi que sur le rôle qu’ils peuvent jouer. |