Les salopettes du petit auront-elles le temps de sécher d’ici demain matin ? Hum, on n’aura pas assez de lait pour finir la semaine. C’est mercredi que l’on doit apporter les sous pour l’activité de financement du service de garde. Quelles sont les dates de la prochaine campagne de vaccination pour la grippe dans mon quartier ?
Ce n’est qu’une fraction des mille questionnements qui peut ponctuer la petite « pause » parentale, une fois le travail bouclé, et les enfants couchés… Pas étonnant qu’on la trouve lourde, cette charge mentale !
« Et puis, on nous dit que ce n’est qu’une question d’organisation (Fais tes listes ! Achète-toi un agenda ! As-tu cette dernière application de partage des tâches?) et de communications (Il faut en parler ! Partage plus et mieux !)… comme si c’était encore de notre faute ! En plus de la fatigue et du stress, on se retrouve avec un beau sentiment de culpabilité et d’incompétence — pourquoi on n’y arrive pas ? », dit Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice, belle-maman d’un grand et nouvelle maman d’une fille de sept mois.
« Au lieu de se simplifier la vie, on l’accélère : la technologie nous donne le temps d’en faire plus, toujours plus! » – Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice.
Or, la charge mentale n’a rien d’un problème personnel. L’héritage de chef de famille qui pèse tant et qui évolue tran-quil-le-ment, ce n’est bien pas la faute de notre grand-mère !
« On vit dans une culture de performance, où tout doit avancer, et vite ! Après tout, on a les outils pour y arriver ! Une laveuse aux mille fonctions pratiques, la mijoteuse et un souper “qui se fait tout seul”… Au lieu de se simplifier la vie, on l’accélère : la technologie nous donne le temps d’en faire plus, toujours plus », ajoute Stéphanie Deslauriers.
Et si on essayait de ne pas tomber dans ce piège ? C’est ce que privilégie une approche de décroissance. Fini, la performance ! On simplifie, on ralentit… on respire, mieux.
Décroissance personnelle et décroissance familiale
Dans l’idée de décroissance, cette intention de moins s’éparpiller et de se concentrer sur ce qui colle à nos valeurs personnelles. L’énergie en somme va à la bonne place pour nous, et non pour plaire aux voisins ou aux collègues.
« Ce qui revient de plus en plus aussi, c’est la décroissance dans la consommation : moins on possède de choses, moins on passe de temps à les entretenir », ajoute Stéphanie Deslauriers. Logique !
Idem pour l’horaire familial : moins il est rodé au quart de tour par les activités des parents et des enfants, plus sa gestion devient aisée. Être occupé est si valorisé ! Le voisin trimballe ses fils à trois pratiques de soccer par semaine, douze mois par année, en gardant le sourire ? Tant mieux pour lui. Chaque personne et chaque famille possèdent leurs propres limites. « Cela peut être extrêmement culpabilisant de se rendre compte que pour nous, c’est trop… on souhaite tous le mieux pour nos enfants, contribuer à leur succès ! Le mieux, ça peut toutefois être un parent plus détendu », dit la psychoéducatrice.
« Et si les enfants voulaient, au bout du compte, seulement passer du temps avec nous dans un climat chaleureux ? », ajoute Stéphanie Deslauriers.
Attention ! Ce projet de décroissance, il ne faudrait pas non plus le porter lui aussi seul sur nos épaules. Celui-ci devient autrement qu’une autre chose à organiser — et on en veut moins ! Toute la famille doit s’y engager. Et, svp, on laisse tomber les objectifs et les échéanciers… notre décroissance n’a surtout pas à être performante !