L’école joue un rôle déterminant pour que les jeunes adoptent des comportements favorables à leur santé. Mais selon Claire IsaBelle, professeure en administration scolaire à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, il importe de connaître les préoccupations des préados face à leur santé pour cibler des activités d’éducation réellement adaptées à leurs besoins.
Dans le cadre d’une étude menée avec sa collègue Margot Kaszap, elle a demandé à des élèves québécois de 5e et 6e années: «Quelles sont les questions que tu te poses par rapport à ton corps et à ta santé?» Les résultats sont révélateurs.
Les préados sont fatigués
Au total, 85 questions ont été formulées par les jeunes. Leurs principales préoccupations portent, dans l’ordre, sur les problèmes de santé, ensuite la croissance et le poids, suivis de l’alimentation. «Ce qui nous a frappées, souligne Claire IsaBelle, c’est à quel point les jeunes se disent très fatigués ou se plaignent d’avoir mal à la tête.» Ils se disent également stressés par le temps et tentent de le maîtriser en réduisant leurs heures de sommeil, ce qui peut avoir des conséquences sur leur poids et leur état de santé en général. Les enseignants doivent être sensibilisés à ces résultats, afin d’informer les élèves de l’importance de bien dormir et des répercussions du manque de sommeil.
Intégrer l’activité physique à la vie scolaire
Plusieurs jeunes se demandent: «Que puis-je faire pour être en bonne santé?» Mais étonnamment, l’activité physique n’arrive qu’en 5e position des préoccupations des élèves québécois. «Ils s’inquiètent beaucoup de leur santé par rapport aux bobos et aux maladies, précise Claire IsaBelle, mais l’activité physique ne semble pas reliée pour eux à la santé.» Devant ce résultat troublant, la professeure insiste sur la nécessité d’adopter une approche globale d’éducation à la santé. Les jeunes ont besoin de comprendre que l’activité physique, ce n’est pas uniquement quand on met ses espadrilles. La pratique de l’activité physique doit être non seulement axée sur des activités sportives, mais elle devrait être intégrée à la vie scolaire, tous les jours.
Futurs enseignants et élèves: des préoccupations qui divergent
Claire IsaBelle et Margot Kaszap ont également voulu savoir ce que les futurs enseignants québécois pensent être les préoccupations des jeunes. Les chercheuses ont alors observé une grande divergence. Les futurs enseignants pensent que les jeunes se soucient beaucoup de leur apparence et de leur image, alors qu’aucun élève de 5e et 6e années n’en fait état. «Les futurs enseignants ne transposent-ils pas leurs préoccupations sur les jeunes?», s’interroge Claire IsaBelle. D’où l’importance de bien connaître les questionnements et les expériences des préados face à leur santé, pour y répondre de façon adéquate. Se sentir bien dans sa peau et être en bonne santé sont donc les messages que les enseignants devraient valoriser.