L’activité physique et TDAH: de l’espoir pour les jeunes (et leurs parents)
Le sport pourrait-il un jour être prescrit pour traiter le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA ou TDAH)? Différentes études réalisées ces dernières années auprès de jeunes qui en sont atteints laissent croire que oui.
Plus de concentration en classe et de meilleures aptitudes sociales sont généralement observées lorsque des chercheurs soumettent des groupes de jeunes atteints du TDAH à des périodes régulières d’activité physique. Cela s’expliquerait en partie par la régulation par le sport des neurotransmetteurs, ces substances chimiques servant de messagères aux cellules nerveuses pour commander par exemple la contraction d’un muscle ou la sécrétion d’une hormone. « La dopamine est l’un des principaux neurotransmetteurs qu’on soupçonne être en lien avec le TDAH, mais on ne sait pas si c’est un surplus ou un manque. Comme le sport a un impact sur notre production de dopamine, on peut penser qu’il y aura une recherche d’équilibre dans le cerveau pendant l’activité physique », explique Geneviève Woods, directrice du Club TDAH, un organisme ayant pour but d’allier les forces d’expertise en ce domaine.
Un deuxième volet d’ici l’automne
Mme Woods participera bientôt au deuxième volet d’une étude entreprise à l’Université Laval pour mesurer les bienfaits de l’activité physique sur les jeunes atteints du TDAH. Après ceux de Québec, ce sera au tour d’élèves de la région montréalaise de se prêter à des séances de jeux actifs et structurés. « On s’attend à ce que l’activité physique contribue encore une fois à diminuer l’intensité des symptômes de ces enfants-là, qui sont l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité », mentionne Geneviève Woods. Cette dernière insiste d’ailleurs sur la nécessité d’obtenir les mêmes résultats d’étude dans différentes régions et différents milieux avant d’espérer pouvoir les accoler au reste de la population.
Fréquence et intensité
Bien que les modalités les plus efficaces d’une pratique sportive salvatrice restent encore à déterminer, certaines tendances se dégagent. « Chez les enfants qui ont un déficit d’attention, ce que l’on sait qui fonctionne actuellement, ce sont des entraînements qui vont durer plus de 20 minutes et qui vont permettre d’atteindre de grandes intensités », précise Claudia Verret, professeure au Département de kinanthropologie (étude de la motricité humaine) de l’Université du Québec à Montréal.
Dans le cadre de son doctorat, la kinésiologue s’est justement intéressée aux bienfaits de l’activité physique chez des préados aux prises avec un déficit de l’attention. Elle les a réuni trois midis par semaine pendant environ trois mois et les a fait jouer au soccer, au hockey cosom ou au basket-ball. L’évaluation neuropsychologique que les jeunes ont remplie avant et après l’expérience a permis de déceler une amélioration de leur vitesse de traitement de l’information. « Les enfants faisaient autant d’erreurs, mais ils étaient plus rapides, donc plus efficaces, rapporte Claudia Verret. C’est tout à fait cohérent avec les sports qu’on leur a fait faire, c’est-à-dire des sports collectifs, où ils devaient trouver le ballon, rechercher un partenaire libre, éviter l’adversaire, regarder le but, etc. Tout cela, c’était du traitement de l’information. »
Sport ou médication
Le nombre d’études sur le sujet a explosé ces dernières années. La plupart positionne l’activité physique comme une offre complémentaire à ce qui existe déjà. Elles ne prétendent donc pas que le sport pourra éventuellement remplacer la médication. « Il y a des aspects de la médication qui sont bien documentés et qui aident franchement l’apprentissage », note la professeure Claudia Verret. Elle se réjouit par contre de l’énorme potentiel d’implantation que représente une solution sportive en milieu scolaire.
À condition toutefois que les intervenants qui accompagnent les jeunes soient bien outillés pour gérer de façon proactive les problèmes de comportements associés au TDAH. S’ils passent leur temps en retrait sur le banc, les élèves pourront difficilement profiter des effets bénéfiques de l’activité physique…
Liens :
http://link.springer.com/article/10.1007/s10802-014-9929-y