[Article mis à jour] Qui a dit que le sport avait un sexe? Certainement pas le patineur artistique Mathieu Ostiguy et la footballeuse Lorry-Anne Croteau, deux athlètes qui ont choisi de répondre aux mauvaises langues en se démarquant dans leur sport.
Au début du secondaire, Mathieu Ostiguy s’est fait traiter de tous les noms parce qu’il enfilait des patins à glace plutôt que de hockey. « Tapette, fif… Tous les synonymes qui existent, je les ai entendus », soupire le patineur de 17 ans. Il aurait pu abandonner, mais celui qui a participé trois fois aux championnats canadiens de patinage artistique a choisi de tenir tête à ses détracteurs. « En fait, aller patiner m’aidait à passer au travers. C’est là que je me sentais le mieux et que j’avais le plus de plaisir », raconte-t-il.
Lorry-Anne Croteau, 14 ans, évolue dans une équipe masculine de football depuis la fin du primaire. Un jour, dans une mêlée, un adversaire qui continuait à pousser même après le sifflet lui a recommandé de retourner jouer avec ses Barbies. « Ça m’a tellement insultée, se souvient-elle. Les gars de mon équipe n’en revenaient pas qu’il m’ait dit ça. »
Beaucoup de caractère
Il faut beaucoup de caractère pour évoluer dans une discipline dominée par l’autre sexe, souligne Élaine Lauzon, directrice générale d’Égale Action, un organisme qui milite pour améliorer l’accès des filles au sport. « Ce n’est pas inscrit sur la promo du camp de football que c’est ouvert aux filles, fait-elle remarquer, mais il y a au moins l’ouverture d’accepter la fille qui ose se présenter. Ça, c’est déjà un pas. »
Pour Lorry-Anne, le football n’est pas un sport de gars. C’est simplement un sport plus physique. « Tu peux avoir ta place dans n’importe quelle équipe, croit-elle. Il faut juste que tu la fasses, ta place! »
Freinée pour sa sécurité
Aussi déterminée soit la jeune fille, elle pourrait toutefois devoir renoncer au football en atteignant la catégorie juvénile l’an prochain. « À 6 pieds 3, les gars deviennent gros et larges, puis ça devient de plus en plus dur de ne pas se faire trop cogner », mentionne-t-elle. Élaine Lauzon précise que c’est justement en raison d’un développement physique différent pour les filles et les garçons qu’il n’y a plus d’équipes mixtes au hockey à partir d’un certain niveau de jeu. Cela devient une question de sécurité.
Des stéréotypes persistent… |
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Dans son document L’activité physique, le sport et les jeunes, l’organisme Kino-Québec indique que plusieurs croyances stéréotypées liées au sexe persistent encore. Ainsi, plusieurs parents :
Une majorité de parents auraient donc encore tendance à se comporter comme si l’activité physique et les sports étaient plus importants pour les garçons que pour les filles, et comme si leur fils possédait plus d’aptitudes dans ces domaines. Kino-Québec mentionne qu’en plus de priver les filles d’un soutien sur lequel elles devraient pouvoir compter, cette attitude ou croyance perpétue les stéréotypes. |
À bas les étiquettes!
S’il n’en tenait qu’à lui, Mathieu Ostiguy détruirait toutes les étiquettes rattachées aux sports. « Je trouve ça vraiment dommage. Le sport devrait être accessible à tous parce que ça rassemble les gens et ça nous fait bouger. Les gens ne savent pas à quel point une simple remarque peut faire mal », déplore-t-il.
À un garçon qui souhaiterait s’engager sur la même voie que lui, le patineur conseille tout simplement de suivre ses passions. Lui-même l’a fait, il y a 10 ans, en choisissant d’abandonner le hockey pour s’initier à ces sauts sur la glace qui l’impressionnaient tant.
Parents, encourageriez-vous votre enfant à s’inscrire dans un sport traditionnellement réservé à l’autre sexe?
Source :
- LEMIEUX, Mélanie et THIBAULT, Guy (2011). L’activité physique, le sport et les jeunes. Avis du Comité scientifique de Kino-Québec, 106 p.