Tous les jours, Vincent Godin plonge tête première dans une piscine et cumule les longueurs à la brasse. Cet entraînement lui permet de relever des défis de taille en dehors de la piscine. Petite histoire d’un jeune homme que la dysphasie n’arrête pas.
Au téléphone, le jeune trifluvien de 20 ans est loquace et étonne par son courage. C’est peu dire : Vincent a du cran. Non pas cette vaillance qui lui a fait traverser à la nage le golfe du Saint-Laurent en 2015, mais plutôt cette détermination qui le pousse à dépasser ses limites malgré la dysphasie avec laquelle il doit composer.
La dysphasie, c'est quoi?
Vincent ne s’en cache pas : la dysphasie n’est pas toujours de tout repos. Ce trouble primaire du langage, qui affecte la compréhension et l’apprentissage, touche près de 9 % de la population. Concrètement, les personnes dysphasiques peuvent avoir des difficultés d’attention, faire preuve d’une certaine rigidité sur le plan comportemental et peinent lorsque vient le temps de formuler leurs besoins et leur état d’esprit. En retour, à l’instar de Vincent Godin, les jeunes atteints de dysphasie peuvent faire preuve d’une grande persévérance.
L’activité physique s’est avérée être ni plus, ni moins, qu’un bon « remède » pour permettre à Vincent de mieux vivre avec ses limites et ainsi repousser constamment ses horizons.
Un « remède » à la dysphasie
La dysphasie n’est pas une sinécure lorsque vient le temps de réussir des études académiques ou d’entreprendre une activité physique sur une base régulière. Malgré tout, à l’été 2015, Vincent nageait les 86 kilomètres qui distancent Chéticamp, au Cap-Breton, de Havre-Aubert aux Îles-de-la-Madeleine. Une réussite en eaux troubles acquise après des mois de préparation et une discipline de fer. L’objectif du jeune intrépide : sensibiliser la population à la dysphasie, et les gouvernements aux limites que la société impose aux dysphasiques.
Depuis près d’un an, Vincent travaille d’arrache-pied à convaincre le ministère de l’Éducation du Québec d’ouvrir les portes des CÉGEPS aux jeunes qui, comme lui, ont de la difficulté à se concentrer sur les bancs d’école. En octobre dernier, il rencontrait à ce propos l’ancien ministre de l’Éducation, François Blais, pour lui soumettre cette idée. Une petite réussite sociale qui, de l’aveu même du jeune athlète, aurait été impossible sans la pratique régulière de la natation. L’activité physique s’est avérée être ni plus, ni moins, qu’un bon « remède » pour permettre à Vincent de mieux vivre avec ses limites et ainsi repousser constamment ses horizons.
Bouger: excellent pour les dysphasiques!
« Le sport est un bon remède pour atténuer les effets négatifs de la dysphasie », lance-t-il d’emblée avec conviction. « La pratique d’une activité sportive est recommandée pour une personne qui est atteinte de la dysphasie. Pour moi, le sport a toujours été bénéfique, car il m’a permis, entre autres, d’améliorer ma concentration. Je dirais même plus : une chance que j’ai eu le sport! Sans le sport, j’aurais eu beaucoup plus de difficultés à l’école, mais également dans ma vie quotidienne », avoue-t-il avec aplomb.
« Depuis plusieurs années, je rencontre des jeunes qui, comme moi, vivent avec la dysphasie. Je m’aperçois que le sport leur permet non seulement de se concentrer, mais également de développer une forme de discipline. Après une séance de natation, après avoir bougé, je me sens davantage disposé à apprendre, à lire et à écrire, voire à faire des travaux plus intellectuels et académiques », renchérit le jeune Trifluvien. « Peu importe le sport, bouger c’est excellent! Et on n’est pas obligé de traverser jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine à la nage! Pas du tout! Simplement marcher ou être dans un groupe d’amis pour jouer au ballon fait l’affaire. L’important, c’est de bouger », témoigne Vincent.
S’accrocher à sa passion
Il suffit d’échanger quelques mots avec Vincent Godin pour saisir les effets positifs que le sport a semés en lui. Vincent en est si bien convaincu que, depuis quelques années, il travaille sans relâche à sensibiliser la population aux troubles dysphasiques via les défis sportifs qu’il relève. Pour les jeunes atteints de dysphasie qui hésiteraient à chausser leurs espadrilles ou à revêtir leur maillot, Vincent ne manque pas d’encouragement, espérant du même souffle que ses paroles fassent leur bout de chemin et placent davantage de jeunes dysphasiques sur la voie de l’activité physique.
« D’abord il faut miser sur ses forces et s’accrocher à sa passion, peu importe que ce soit la natation ou le vélo, et il faut continuer et réaliser cette passion jusqu’au bout. Pour ce faire, il faut prendre les moyens pour atteindre son objectif. On a le droit de douter, on a le droit de se poser des questions, on a le droit de trouver ça difficile parfois. Mais peu importe, il faut s’accrocher, il faut aller vers les bonnes personnes, celles qui pourront nous aider. Et surtout, il ne faut pas avoir peur du ridicule! Lorsqu’on n’a pas peur du ridicule, on finit toujours par réaliser nos rêves. Faites-le jusqu’au bout! », lance Vincent Godin comme un appel à suivre son exemple.
Cet été, Vincent a entrepris quelques « petites distances en eaux libres » pour maintenir la forme. Cinq à dix kilomètres ici et là. Chose certaine, le jeune homme ne laissera jamais la dysphasie l’éloigner de sa passion pour la natation.
À suivre sur le site Internet de Vincent Godin ou sur sa page Facebook.