Le 8 avril dernier, une pétition électronique était lancée sur le site de l’Assemblée nationale du Québec. L’objectif : augmenter le nombre d’heures allouées à l’éducation physique aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire. Au moment d’écrire ces lignes, plus de 7000 signatures avaient déjà été recueillies pour cette initiative d’Yves Potvin, enseignant en éducation physique à l’école Le Tandem, à Laval, et du Comité d’action ÉPS qu’il représente.
Convaincu que la place réservée à l’activité physique dans le temps scolaire est insuffisante, l’enseignant multiplie les démarches pour hausser le nombre minimum d’heures obligatoires et inciter les jeunes à adopter de saines habitudes de vie. « Au niveau mondial, un minimum de 2 h 30 d’éducation physique par semaine est recommandé et nous ne l’atteignons pas au Québec, indique-t-il. En Europe, les jeunes bénéficient de 2 h 30 à 4 heures d’éducation physique par semaine. »
Depuis 13 ans, Yves Potvin répète inlassablement que la majoration de l’offre de services au niveau des activités parascolaires a peu d’effets réels sur les pratiques des jeunes puisqu’elle n’en rejoint qu’une faible proportion. « Au Québec, les élus se donnent bonne conscience en injectant des millions pour des activités parascolaires, mais ils ne veulent pas s’attaquer au temps de classe alloué à l’éducation physique alors que c’est ce qui permettrait de rejoindre tout le monde, déplore-t-il. On constate d’ailleurs que la plupart des jeunes qui s’inscrivent dans les activités parascolaires sont déjà adeptes de l’activité physique régulière. Dans les cours d’éducation physique, tous les jeunes sont obligés d’être là contrairement aux activités en dehors des classes qui ne sont malheureusement pas accessibles aux familles peu fortunées. »
Pour une culture de la santé
L’éducateur physique a commencé à se mobiliser lorsque des études ont permis de constater que la condition physique des Québécois se détériorait, que l’obésité augmentait et que les activités physiques se transformaient en activités de loisir plus passives. « Chaque année, au Canada, nous dépensons 2,1 milliards de dollars en soins de santé liés directement à l’inactivité physique de la population », mentionne Yves Potvin qui n’hésite pas à en déduire que nous sommes en présence « d’une culture de la maladie », et non d’une « culture de la santé ». « Cela ne coûterait pas autant de faire en sorte que tous les jeunes aient le droit à deux heures d’activité physique au primaire et au préscolaire, et à deux heures et demie au secondaire », poursuit-il.
Même si le temps scolaire consacré à l’éducation physique a augmenté au cours de la dernière décennie, Yves Potvin considère qu’il demeure nettement insuffisant. « Nous avons bénéficié d’une légère augmentation en 2006, lorsque le gouvernement Charest a décidé de donner une heure et demie de temps de classe de plus par semaine aux jeunes du primaire pour que les écoles puissent offrir deux heures d’éducation physique par semaine, explique-t-il. Sauf qu’il s’agissait seulement d’une proposition et les écoles pouvaient en faire ce qu’elles voulaient. Certains milieux offrent donc deux heures d’éducation physique ou plus par semaine, alors que d’autres ne proposent encore que 50 ou 55 minutes. »
Former de futurs citoyens
Le lancement de cette pétition électronique coïncide avec le début d’une vaste consultation menée par le MÉLS, aux quatre coins du Québec, visant l’élaboration d’une politique du sport, du loisir et de l’activité physique. Parrainée par le député de Laval-des-Rapides, M. Léo Bureau-Blouin, la pétition sera en ligne jusqu’au 8 juillet. Yves Potvin croit fermement qu’augmenter le nombre d’heures d’éducation physique obligatoires dans les écoles contribuera à améliorer la société de demain. « L’école est un milieu de vie, rappelle-t-il. Elle sert à former de futurs citoyens et non pas des jeunes remplis de connaissances. À l’école, nous parlons beaucoup de réussite académique alors que nous devrions parler de réussite éducative. Une personne qui est en équilibre dans toutes ses composantes va réussir sa vie plutôt que réussir dans la vie seulement. »
