Rôle du parent

Le sport et ses risques : des parents trop protecteurs?

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Plus les jeunes approchent de l’adolescence et plus il devient difficile de leur faire faire du sport, ce qui peut entrainer un effet néfaste sur leur santé physique et psychologique (Tofler & Butterbaugh, 2005). Une solution possible? Des activités sortant des sentiers battus et faisant appel aux rêves. Trop risqué, diront plusieurs parents, et pourtant…

Le sport et ses risques : des parents trop protecteurs?

Il n’y a pas si longtemps, vos enfants disaient « oui » à la promenade à pied au bord de la rivière, à la balade en vélo du dimanche matin, au pique-nique en forêt, etc. Cependant, depuis peu, ils boudent les activités que vous leur proposez et préfèrent jouer aux jeux vidéo. Comment stimuler de nouveau leur intérêt? Voilà une question que de nombreux parents se posent. 

 

Le rêve, un moteur puissant

De récentes entrevues réalisées auprès de jeunes Québécois participant à un programme sportif à vocation psychosociale (DesÉquilibres) montrent que l’une des raisons qui les incitent à participer à une activité sportive demeure son originalité. Les activités « gagnantes » sont exemptes de compétition et de comparaison entre participants. Mais surtout, ce sont des activités qui leur paraissent « hors-normes », « complètement malades » pour reprendre les mots d’une participante. La préadolescence est une période où l’exploration et l’expérimentation permettent aux jeunes de se faire une place dans la société (Parazelli, 2007). Aussi, ce type d’activités offre-t-il aux participants une chance de découvrir des aspects d’eux-mêmes parce qu’elles les confrontent à des situations inhabituelles. Des idées : une « balade » dans le bois durant une nuit entière ou encore une sortie en vélo de 250 km, au moment où la température commence à descendre. 
 

Les risques appréhendés par les parents

Les activités hors de l’ordinaire amènent inévitablement un sentiment d’insécurité chez les parents : y a-t-il un danger à marcher en forêt la nuit? Peut-on faire du soccer sur la patinoire sans casque? Ou faire du vélo l’hiver? Souvent, l’insécurité des parents reflète leurs propres peurs et limites et peut les amener à ne pas autoriser leurs enfants à participer à des activités un peu décalées. Or, la préadolescence est une période où les jeunes prendront des risques, que les parents le veuillent ou non. L’envie de vivre des sensations fortes se fait sentir chez plusieurs, en particulier les garçons (Cazenave, 2007). Pourquoi, alors, ne pas proposer à vos enfants des activités organisées par des professionnels, ou des activités que vous organiserez vous-même afin de favoriser un cadre où le risque, même s’il existe, est balisé. Dans les défis sportifs « fous », plusieurs jeunes affirment que les relations entre les participants se transforment en amitiés « plus vraies », vu l’expérience unique qu’ils représentent. Eh oui, le risque est un élément de socialisation!
 
Autre frein des parents : la peur de voir leur enfant échouer. Cette peur est très présente, puisque la notion d’échec est difficilement admise par nos sociétés. Et pourtant, c’est en se confrontant à la difficulté, et donc au risque d’échouer, que les jeunes développeront leur confiance (par leurs réussites) ou leurs capacités à rebondir (par leurs échecs). L’important, semble-t-il, est l’image que les adultes renvoient quand les jeunes sont en situation d’échec. S’ils mettent, par exemple, trop d’importance sur le fait de gagner et sur la comparaison avec les performances des autres, les préadolescents vivront la situation plus difficilement. Souvent, ils perdront l’envie de relever de nouveaux défis et de prendre des risques par peur de l’échec (Freitag, 2006). Mais finalement, n’est-ce pas cela grandir? Accepter de s’exposer au risque? 
 

Encourager, accompagner, lâcher prise

Une foule d’organisations québécoises proposent des activités encadrées. Elles sont reconnues par différentes instances officielles pour leurs pratiques sécuritaires. Certaines d’entre elles proposent même de vous former afin de mieux vous préparer à des activités en pleine nature , une option intéressante pour les activités sportives dites risquées.
 
Encourager et accompagner vos enfants pour ce genre d’activités est l’une des meilleures solutions pour les inciter à s’activer. Le préadolescent et l’adolescent ont besoin, quoi qu’ils disent, d’un modèle adulte qui les encourage dans la pratique d’une activité. Si elle comporte un « risque » réel, cela démontre en plus que vous croyez en leurs capacités. 
 
Un jour, vous verrez, vos enfants ne souhaiteront plus que vous les accompagniez. Ce sera peut-être le temps de « lâcher prise » et d’accepter qu’ils aillent participer à des activités « intenses » sur lesquelles vous n’aurez aucune emprise. En occupant un rôle de soutien plutôt que de leader, vous montrerez la confiance que vous avez en vos enfants en leur permettant de se dépasser (Fraser-Thomas, Côté, & Deakin, 2008). L’activité physique — même risquée — est un outil qui permet aux jeunes de se « dépasser » sainement. 
 
Ne pas trop rationaliser, mettre en sourdine vos propres peurs et permettre à vos enfants d’essayer de nouvelles expériences : tout le défi est là. Le côté « fou » de certains défis est le moteur qui fera avancer à coup sûr vos enfants sur le chemin de l’activité physique. Celle qui fait rêver et les incite à se dépasser. Celle qui permet de construire la confiance par le risque. 
 
Du camping d’hiver à moins trente degrés, ça vous tente?
 

 

Bibliographie

  • CAZENAVE, N. (2007). La pratique du parkour chez les adolescents des banlieues : entre recherche de sensation et renforcement narcissique. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence, 55(3), 154-159.
  • FRASER-THOMAS, J., CÔTÉ, J., & DEAKIN, J. (2008). Understanding Dropout and Prolonged Engagement in Adolescent Competitive Sport. Psychology of Sport and Exercise, 9(5), 645-662.
  • FREITAG, E. J. (2006). Promoting Achievement through Sports: An In-depth Analysis on the Impact of Sports and Other Extracurricular Activities on the Development of Youth. ProQuest Information & Learning, US.
  • PARAZELLI, M. (2007). Jeunes en marge : Perpectives historiques et sociologiques. Nouvelles pratiques sociales, 20(1), 50-79.
  • TOFLER, I. R., & BUTTERBAUGH, G. J. (2005). Developmental Overview of Child and Youth Sports for the Twenty-first Century. Clinics in Sports Medicine, 24(4), 783-804.
 
 
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