Rôle du parent

Est-ce que les devoirs nuisent à la santé des enfants?

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Les devoirs, les leçons, le souper, le bain et hop, dodo! Cette ritournelle vous dit quelque chose? Si l’on en croit les plus récentes études, elle pourrait bientôt appartenir au passé. Et soyez rassurés, ce que les scientifiques remettent en cause, ce n’est ni le souper, ni le bain, ni le dodo!

Est-ce que les devoirs nuisent à la santé des enfants?

Ce sont plutôt les devoirs qui sont visés. De plus en plus de voix s’élèvent pour leur allègement ou même leur suppression complète. Au Québec, depuis les dernières années, de nombreuses écoles ont choisi de donner peu ou pas de devoirs à leurs élèves.

 

C’est le cas de l’école de l’Harmonie, à Québec. Même si on n’a pas complètement aboli les devoirs, on a décidé de les diminuer, et surtout de les réorienter. « On demande plutôt aux élèves de faire de la lecture ou de laisser des traces d’études, explique la directrice Chantal Boiteau. Certains enseignants proposent même des devoirs optionnels, que les élèves ont le choix de faire ou non. »

 

La réponse de la recherche

Les recherches citées le plus souvent dans le dossier des devoirs à la maison se sont intéressées aux élèves du primaire. Ce qu’on sait désormais, c’est que les apprentissages, en général, se font mieux en classe qu’à la maison.

 

Certaines approches favorisent les travaux après l’école, mais avec parcimonie. Selon une étude de l’Université Duke1, les devoirs, tant qu’ils restent limités, peuvent aider les élèves. Une règle mathématique a été imaginée par les chercheurs : 10 minutes par niveau. Ainsi les élèves de 1ere année ne devraient pas plancher sur leurs devoirs plus de 10 minutes, ceux de 2e, 20 minutes, et ainsi de suite.

 

D’autres études montrent que les devoirs n’apportent aucun bénéfice aux enfants. Pire, ils apporteraient un éclairage péjoratif ou négatif à l’idée d’apprendre (le sempiternel « as-tu fait tes devoirs? »).2

 

 

Bouger après l’école

Certains chercheurs comme Gerald K. LeTendre, de l’Université de Pennsylvanie, vont encore plus loin et croient que les devoirs nuisent à la santé des enfants, de deux façons.3 D’abord, en étant parfois la cause de problèmes de sommeil. Ensuite, en obligeant l’enfant à être sédentaire, alors qu’il l’a été durant la majeure partie de sa journée.

 

Dans un monde idéal, les longues minutes traditionnellement consacrées aux devoirs devraient être remplacées par des minutes d’activité physique. Le service de garde peut alors jouer un rôle en faisant bouger les jeunes. Les activités sportives parascolaires pourraient aussi prendre la place des devoirs. En effet, on peut imaginer que les parents, sachant qu’ils n’auront pas à se plonger dans les livres le soir venu, seront plus tentés d’inscrire leur enfant à une activité sportive.

 

S’il n’y avait plus de devoirs, les parents pourraient aussi en profiter pour discuter avec leurs enfants de la journée qui vient de passer, aller faire une promenade à l’extérieur, jouer dans la cour, faire une session de bricolage, lire, pour le plaisir, un livre choisi par le jeune, cuisiner, manger en famille… Bref, toute activité qui n’est pas scolaire! À moyen terme, toutes ces activités sont plus garantes de succès scolaires que la réalisation des devoirs.4

 

Attention, cependant. Éliminer les devoirs et les leçons n’équivaut pas à anéantir le lien entre la salle de classe et la maison. Par exemple, les jeunes de l’École Saint-Malo, à Québec, à qui l’on ne donne plus de devoirs depuis la rentrée, doivent faire 20 minutes de lecture par jour. D’autres écoles demandent aux élèves de partager avec leurs parents les notions qu’ils ont acquises en classe ce jour-là ou encore d’apporter des travaux d’école à la maison pour en discuter en famille.

 

 

L’expérience des parents

Moment privilégié pour certains, véritable cauchemar pour d’autres, les devoirs, forcément, sont un sujet polarisant. Un sondage mené par un professeur de l’Université de Montréal montre que pour 82 % des parents, la période des devoirs représente un « défi ».

 

Pour Chantal Boiteau, directrice de l’école de l’Harmonie où il y a peu de devoirs, il faut trouver de meilleures façons d’impliquer les parents dans les apprentissages des jeunes. Depuis quelques années, son école fournit plutôt aux parents des « stratégies d’études », par le biais de l’agenda.

 

Ces méthodes sont plus ludiques et flexibles que des devoirs traditionnels. Il peut s’agir, par exemple, d’exercices de calcul à faire dans le bain avec des crayons qui écrivent sur la céramique. Ou encore de sujets de discussion à aborder dans l’auto. Ces nouvelles façons de faire entraîneraient une meilleure atmosphère à la maison. « On remarque qu’il y a moins de chicanes entre les parents et les enfants au sujet des devoirs », conclut-elle.

 


Sources: 

1 Salon.com

The Daily Duke

The Washington Post

4 Live Science


Pour en savoir plus sur le lien entre activité physique et réussite éducative, consultez notre dossier Sport et résultats scolaire.

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