Rôle du parent

Entrevue avec François Cardinal: Comment insuffler le goût du sport à son enfant

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Entrevue avec François Cardinal: Comment insuffler le goût du sport à son enfant

« Je ne le force en rien, mais dès qu’il y a une petite flamme, je l’entretiens. »

Éditorialiste au journal La Presse, François Cardinal est également l’auteur du livre Perdus sans la nature : pourquoi les jeunes ne jouent plus dehors et comment y remédier (Éditions Québec Amérique, 2010). Malgré un horaire chargé, il demeure actif et a su insuffler le goût du sport et des activités de plein air à son fils de neuf ans. Entrevue avec François Cardinal.

 

Depuis quand votre fils fait-il du sport, et quels sports pratique-t-il?

Mon fils a toujours été sportif. Il a joué un temps au soccer, au hockey et a fait du karaté. Il pratique aussi des sports non organisés : la course à pied, le vélo, le basket, la planche à neige et le ski de fond.

 

Selon vous, d’où lui vient le goût du sport?

Déjà tout petit, je le faisais participer à mes activités sportives à l’extérieur. Ainsi, lorsqu’il avait trois ans, je l’emmenais en « baby glyder » sur les pistes de ski de fond. Arrivés en haut, je lui chaussais ses skis et il descendait tout seul! De même pour le vélo, je l’installais derrière moi, puis il a appris petit à petit à se débrouiller seul et à me suivre. Je m’entraîne six jours par semaine à la course à pied et je participe à des marathons, ce qui l’a sans doute influencé aussi pour ce sport-là. Il a déjà couru trois marathons d’un kilomètre et fait un triathlon.

 

Qu’est-ce qui l’a motivé à choisir ses activités?

Il y a deux types de sport et deux types d’influence.

  • Papa, pour la course à pied, le vélo, la planche à neige et le ski de fond.
  • Ses amis, pour les autres. Le basket est très pratiqué dans son école et j’ai installé un panier sur la rue devant chez nous. On met des cônes pour créer une zone sécuritaire. De même pour le hockey, on installe un filet dans la rue. Il peut jouer tout seul, avec moi ou avec ses amis. Ce sont des installations faciles d’accès qui l’incitent à jouer dehors.

 

Vous êtes très occupé par votre travail, comment vous organisez-vous?

Comme il s’agit surtout d’activités de plein air hors clubs, l’horaire est très flexible. Même en vivant dans une métropole comme Montréal, les possibilités sont nombreuses pour profiter du grand air. Pour le ski de fond, nous partons de chez nous à pied. En cours de route, nous nous arrêtons pour déguster une tablette de chocolat. C’est un rituel que mon fils adore, une récompense pendant l’effort physique!

 

C’est une bonne méthode pour motiver un enfant! Quels autres « trucs » conseillez-vous?

Il faut prêcher par l’exemple en pratiquant soi-même un sport. Je crois qu’il est important de développer le plaisir autour de l’activité sportive, beaucoup plus que la contrainte. Aussi, il faut faire attention à ne pas trop surcharger l’emploi du temps d’un enfant.

 

D’autre part, il est bon d’encadrer les jeux vidéo qui sont un fléau (« vidéophilie »); ils empêchent les enfants de voir autre chose que les écrans. Il est judicieux de leur donner des plages horaires. Par exemple, mon fils n’a pas le droit de toucher un écran du lundi au jeudi et peut jouer deux heures sur tout le week-end. Ceci dit, pour chaque heure jouée à l’extérieur, il peut avoir droit à trente minutes de jeux vidéo. Limiter les heures devant l’écran laisse la place à des moments d’ennui, ce qui développe la créativité et incite le jeune à aller jouer dehors.

 

Avez-vous encouragé votre fils à faire du sport en évoquant les notions de bonne santé, de bien-être, de dépassement de soi?

Non pas du tout, car à cet âge-là, il s’en fiche. C’est le plaisir d’en faire ensemble, de partager avec son père qu’il apprécie. Ce sont des moments précieux.

 

Le rôle du parent est d’alimenter les passions de ses enfants (acheter des magazines ou visionner des films sur le sujet, demander des infos au professeur) : je ne le force en rien, mais dès que je sens qu’il y a une petite flamme, je l’entretiens.

 

Selon vous, que gagne votre fils à faire du sport?

Deux choses principales : d’une part, l’amélioration de l’estime de soi car s’il n’est pas un premier de classe, il va chercher ses réussites dans le sport. Quand il passe une nouvelle ceinture de karaté, il est très heureux. Il gagne confiance en lui et sait que plus le défi est difficile à surmonter, plus la réussite est importante. Une belle façon d’apprendre que les choses qui procurent le plus de plaisir ne sont pas les plus faciles. 

 

D’autre part, la tolérance aux échecs. Il a appris à gérer la frustration qu’engendre l’échec. Plus on y est confronté, plus on s’y fait!

 

Justement, s’il lui arrive d’être découragé, comment l’aidez-vous?

Je l’encourage en misant sur les bons côtés. Par exemple, s’il va passer une ceinture et qu’il échoue, je lui dis qu’il a beaucoup progressé ces derniers mois.

 

Que recherche-t-il dans le sport : pouvoir se dépenser, le jeu, relever un défi, grâce à la compétition?

Le plaisir prime, mais tout y est. Pratiquer la course ou le vélo n’est pas nécessairement plaisant pour les enfants, le parent doit donc lui apporter la part de plaisir. Il faut avancer progressivement, commencer par de petites sorties puis les prolonger tranquillement. Je lui ai aussi offert tout l’équipement d’un marathonien car il adore ça.

 

À la maison, j’ai installé un petit autel sur lequel sont exposés ses dossards, ses trophées, ses médailles, ce qui lui procure beaucoup de fierté. Il a toujours hâte d’y ajouter un nouveau dossard, donc il en veut!

 

De quelle manière vous impliquez-vous dans ces activités organisées?

Je n’assiste plus aux pratiques de karaté car il faisait son sport pour moi, en me regardant. Par contre, je suis là pour les moments importants : changements de ceinture, tournois, marathons.

 

Voudriez-vous ajouter autre chose?

Je déplore que les enfants passent de plus en plus de temps à l’école avec le service de garde. On devrait offrir des activités physiques libres pendant cette période-là.

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