« Jouez gagnant », c’est plus de 350 conférences par année, données par une cinquantaine d’athlètes boursiers d’Équipe Québec à des jeunes dans les écoles, les organisations et les fédérations sportives de la province. Rencontre avec Joëlle Rivard, responsable du programme, et Philippe Beaudry, athlète olympique et conférencier, afin de savoir comment ces athlètes peuvent inspirer les préados québécois.
Pourquoi « Jouez gagnant »? Semer l’envie de bouger… ou celle de gagner?
Joëlle : « Jouer, bouger, pour être vainqueur. Être gagnant, c’est simplement atteindre ses rêves. Ça peut être de se rendre aux Olympiques, comme Philippe, mais ça peut aussi être n’importe quel rêve auquel le jeune tient. »
Les conférences visent donc à inspirer les jeunes, à alimenter leurs rêves?
Joëlle : « Oui et non. C’est certain que d’avoir devant les yeux un athlète olympique qui raconte son histoire, c’est très inspirant pour les jeunes. Mais ce sont surtout les stratégies et les outils que les athlètes ont développés qu’on veut partager avec eux. Rester dans les rêves ne mène nulle part. On doit passer dans le monde de l’action pour que les choses arrivent. »
Philippe : « Après avoir demandé aux jeunes de nommer un de leurs rêves, je leur demande ce qu’ils font et ce qu’ils prévoient faire pour l’atteindre. Je leur dis carrément de l’écrire et de l’afficher au mur de leur chambre, puis de se fixer des objectifs précis qui conduiront à la réalisation de ce rêve. On rêve souvent, mais le défi c’est de garder nos rêves et d’aller jusqu’au bout. »
Quels autres moyens les jeunes apprennent-ils dans les conférences « Jouez gagnant »?
Joëlle : « Comment bien vivre un échec. Les jeunes ont de moins en moins le droit à l’erreur. Tous les athlètes ont pourtant vécu des échecs. Ça va de soi quand on expérimente. C’est d’ailleurs à travers ces moins bonnes expériences qu’on s’améliore. Et si on ne tombe jamais, on n’apprend pas à se relever. »
Philippe : « Je raconte que je voulais d’abord faire partie de l’équipe de basketball de mon école! Et comme on n’a pas accepté ma candidature, j’ai essayé l’escrime. L’escrime est maintenant ma passion depuis 13 ans. Elle m’a mené deux fois aux Jeux olympiques, la première fois à l’âge de 21 ans. »
Joëlle : « Justement, on aborde aussi la patience. Maintenant, tout va tellement vite. Attendre 8 ans pour réaliser un rêve, ça semble toute une vie pour un jeune de 10 ans! Et non seulement on n’est plus aussi patient, mais on ne prend même pas le temps de savourer nos succès! »
Ces athlètes sont-ils de bons modèles pour les jeunes parce qu’ils ont su persévérer?
Philippe : « Je pense que nous savons ce que cela signifie de travailler fort! La conciliation sport-études, c’est aussi du sport. Nous sommes de bons exemples de discipline, d’organisation et de performance. Je ne partage pas tant un message que mon expérience. Pour toucher les jeunes, il faut que ça vienne du cœur. Quand j’étais au primaire, les joueurs de l’Impact sont venus dans ma classe. Ça m’a marqué! »
Joëlle : « Le message rejoint bien les jeunes quand il vient des athlètes, qui sont quasiment perçus comme des vedettes. Une séance de signature d’autographe suit même la conférence! Les jeunes sont inspirés par ces “vedettes” et souhaitent faire comme eux : “Il a dit qu’il ne mangeait pas de hot-dog… moi non plus, d’abord! ” » [rires]
Avez-vous des exemples de jeunes qui ont été touchés par la conférence?
Philippe : «À la suite de la conférence, plusieurs “aiment” ma page Facebook. Ils partagent avec moi leurs rêves et me disent où ils en sont rendus pour les réaliser. »
Joëlle : « On a aussi des professeurs qui vont plus loin et demandent aux jeunes de décrire leur rêve en classe et de le partager avec leurs parents. Certains nous demandent de revenir l’année suivante pour qu’on puisse faire le suivi. Se faire demander par un athlète qu’ils estiment ce qu’ils ont fait pour atteindre leur rêve depuis la dernière rencontre, ça les brasse un peu! »
Pour inscrire son école ou son organisation, c’est par ici!