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Bien dans mes baskets: un projet gagnant pour les jeunes

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Le scénario ferait un tabac à Hollywood. Des jeunes à risque de décrochage scolaire et de délinquance reprennent le goût de l’école grâce au basketball. Cette magie improbable opère depuis 1999 à l’école secondaire Jeanne-Mance de Montréal. Baptisé Bien dans mes baskets, le programme d’intervention psychosociale à la base de cette transformation fait présentement l’objet d’une étude à l’Université de Montréal. Suzanne Laberge, professeure au Département de kinésiologie, lève le voile sur les observations préliminaires de son équipe.

Bien dans mes baskets: un projet gagnant pour les jeunes

Le projet de recherche, financé par la Fondation Lucie et André Chagnon, vise à déterminer l’impact réel du programme Bien dans mes baskets. On ne connaîtra ses conclusions qu’en 2013, mais les analyses réalisées jusqu’à présent permettent à Suzanne Laberge de déceler une influence positive de ce type d’intervention sur la discipline, le sentiment d’appartenance et la responsabilité sociale des jeunes.

 

Combo sportif et psychosocial

Les entraîneurs de Bien dans mes baskets ont pour la plupart une formation connexe au travail social. Ils ne se contentent donc pas d’améliorer les lancers au panier, mais accompagnent les joueurs au quotidien. « Beaucoup de jeunes ne se rendent pas compte qu’ils sont soutenus parce que ça se fait in vivo sur le terrain », souligne la professeure spécialisée en sociologie du sport. Lorsqu’un problème majeur bouleverse leur existence, les jeunes sont en confiance et se laissent donc guider vers les ressources appropriées. Ainsi, ce qui fait le succès d’une telle entreprise, selon Suzanne Laberge, c’est justement la conciliation de l’intervention psychosociale et de la pratique sportive.

 

Une formule inspirante

Bien dans mes baskets est né dans la tête de l’intervenant social Martin Dusseault. Sensible à la situation des plus défavorisés, M. Dusseault dans la phrase précédente; uniformiser), aussi amateur de basketball, a eu l’idée en 1999 de joindre ses deux passions pour le plus grand bien d’une clientèle dans le besoin. « S’il y avait d’autres travailleurs sociaux qui avaient une passion pour le sport comme le soccer, le hockey, la boxe ou le football, ce serait merveilleux s’ils adoptaient une philosophie comme celle de Martin! » s’exclame Suzanne Laberge. Cette dernière estime à ce chapitre que le sport seul ne suffit pas à influencer le développement des habiletés de vie. Elle ne pourra toutefois l’affirmer avec certitude que lorsque les résultats du volet quantitatif de l’étude auront été compilés.

 

Une seconde famille

L’école Jeanne-Mance du quartier Plateau Mont-Royal accueille une clientèle multiethnique aux prises avec des difficultés. Bon nombre d’élèves évoluent dans des familles dysfonctionnelles. Le basketball parascolaire leur permet d’en trouver une autre. « Ce qui est spécifique à Bien dans mes baskets, c’est que les jeunes travaillent avec et pour le groupe, et cela développe un sentiment d’appartenance, un sentiment de partager une famille, d’avoir un soutien s’ils sont mal pris. De plus, les jeunes ne font pas de mauvais coups parce qu’ils sont conscients que les mauvais coups vont retomber sur l’équipe, et que toute l’équipe va être pénalisée. Donc, ils se tiennent et se soutiennent », affirme la chercheure.

 

Le programme tendrait aussi à éloigner les jeunes de la drogue et des gangs de rue. « Bien dans mes baskets me faisait rester à l’école. Je n’étais pas dans la rue en train de faire des bêtises. Moi, après l’école, à la place d’aller fumer au coin, j’étais dans le gymnase », a témoigné un ancien participant d’origine camerounaise lors d’un entretien avec l’équipe de recherche.

 

Ne pas les priver de sport

Il est parfois coutume de priver un élève de sport en raison de ses difficultés scolaires. Bien dans mes baskets fait l’inverse. Le programme se sert du basket pour stimuler la persévérance scolaire. De plus, de l’aide aux devoirs est mise à la disposition des jeunes qui y participent.

 

Chacune des neuf équipes s’entraîne deux à trois fois par semaine. À cela s’ajoutent quelques tournois pendant l’année. Suzanne Laberge fait remarquer que ces sorties à l’extérieur de la ville se révèlent marquantes pour des jeunes qui, bien souvent, n’ont jamais quitté leur quartier.

 

L’équipe de Suzanne Laberge évalue toujours l’impact du programme. Mais déjà, à petite échelle, on constate, de façon plus subjective que scientifique, des gains pour ceux et celles qui se prêtent au jeu du basketball. Sans avoir la certitude de l’impact positif d’une telle initiative, on peut lever notre chapeau à Martin Dusseault qui — avec du flair et de l’intuition — arrive à insuffler un brin d’espoir aux jeunes pour qui la vie ne rime pas implicitement avec plaisir et simplicité.

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