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La chaussure de course minimaliste: pour ou contre?

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Depuis quelques années, la popularité croissante de la chaussure de course minimaliste suscite questionnements et débats. Certains coureurs qui en ont fait l’essai ne jurent désormais que par celle-ci, tandis que d’autres demeurent réticents. Pour ou contre ce passage de la chaussure de course en mode « légèreté »? Difficile de trancher, si l’on en croit les spécialistes.

La chaussure de course minimaliste: pour ou contre?

« Beaucoup de gens qui font l’essai de la chaussure minimaliste reviennent à la chaussure maximaliste pour cause de blessures. Malgré le phénomène, c’est encore l’espadrille traditionnelle qui connaît les meilleures ventes chez nous », affirme Bert Barcelos, gérant de la boutique Endurance à Montréal.

 

Contrairement à la chaussure de course maximaliste qui possède un talon surélevé et un support optimal, la chaussure minimaliste tente d’épouser au maximum la forme du pied. Ultra légère, flexible, souple et équipée d’une semelle fine, elle permet des comportements biomécaniques comparables à ceux du pied nu. L’aspect épuré et plus naturel de ce type de chaussure comporte à la fois des avantages et des inconvénients pour le coureur.

 

» Malgré le phénomène, c’est encore l’espadrille traditionnelle qui connaît les meilleures ventes chez nous. »

 

– Bert Barcelos, gérant de la boutique Endurance à Montréal.

 

« Ce que les études démontrent jusqu’à présent, c’est que plus la chaussure est minimaliste, plus elle accroît le stress du pied et du tendon d’Achille, mais moins elle engendre des risques de blessures aux genoux, aux hanches et au dos. À l’inverse, la chaussure moderne maximaliste diminuerait le stress du pied et du tendon d’Achille, mais augmenterait les risques de douleur aux genoux, aux hanches et au dos », expose Blaise Dubois, président fondateur de la Clinique du coureur, ainsi que physiothérapeute et consultant pour Athlétisme Canada.

 

« Je suis, en général, contre les chaussures minimalistes, renchérit pour sa part Michel Bourque, podiatre à la clinique podiatrique Au pied du Mont-Royal. On porte des souliers toute notre vie et nos pieds sont habitués à avoir un soutien. Je remarque beaucoup plus de pathologies au niveau du tendon d’Achille et du fascia plantaire chez les gens qui portent une chaussure minimaliste. »

 

Qu’elle soit minimaliste ou maximaliste, la chaussure de course doit d’abord être adaptée au physique et à la motricité du coureur qui la porte, selon Bert Bacelos : « Je ne suis pas pour ou contre la chaussure minimaliste, mais je pense que ce ne sont pas tous les types de coureurs qui peuvent en porter. Chaque pied a ses particularités. Peu importe le modèle de chaussures, pour moi, c’est avant tout une question de confort. »

 

« Il existe une grande variété de chaussures de course minimalistes aux caractéristiques diversifiées qui peuvent permettre aux coureurs de passer de façon graduelle et en douceur d’une chaussure maximaliste à une chaussure minimaliste », souligne Blaise Dubois, qui croit que le changement drastique d’un type de chaussures à un autre ne peut qu’accroître les risques de blessures. « Il est d’ailleurs conseillé aux coureurs qui portent depuis toujours des chaussures maximalistes, qui ne ressentent pas de douleur et qui ne souhaitent pas augmenter leur performance, de rester avec ce type de chaussures. »

 

Un bon choix pour les enfants

Les jeunes coureurs devraient-ils, pour leur part, porter des chaussures minimalistes? Dans le cas de cette clientèle, les points de vue des spécialistes se rejoignent davantage.

« La chaussure minimaliste convient mieux aux enfants, croit le podiatre Michel Bourque. À cette étape de leur croissance, ceux-ci passent beaucoup de temps pied nus et leurs pieds ne sont pas encore habitués au soutien maximal d’une chaussure. »

» Les enfants sont en constante évolution biomécanique. […] La chaussure minimaliste s’adapte mieux à leur physique en développement. «

 

– Blaise Dubois, physiothérapeute.

 

« Les enfants sont en constante évolution biomécanique, ajoute le physiothérapeute Blaise Dubois. Les chaussures maximalistes aux talons surélevés peuvent être un frein au développement naturel de leur anatomie, car celles-ci protègent des structures de leur corps qui, à cet âge, n’ont pas à être protégées. La chaussure minimaliste s’adapte mieux à leur physique en développement. »

 

La Clinique du coureur recommande d’ailleurs de garder les enfants pieds nus le plus souvent possible. Leurs chaussures ne devraient être qu’une protection minimale contre l’environnement hostile. Il existe plusieurs modèles de chaussures minimalistes pour enfants qui nuiront le moins possible au bon développement de leurs pieds.

 

Crédit photo: La Clinique du coureur
 

 

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