Auparavant, une simple application de lip sync, la popularité du réseau social TikTok a explosé en 2020. Aujourd’hui, jeunes et moins jeunes passent un temps considérable sur cette plateforme vidéo au contenu éclectique.
On ne peut nier le succès monstre de l’appli. Celle-ci cumule un milliard d’utilisateurs actifs par mois, dont 25 % sont âgés entre 10 et 19 ans. Avec une moyenne de 75 minutes par jour chez les enfants de 4 à 15 ans en 2020, ça en fait des petits yeux qui regardent défiler des vidéos sur TikTok !
Devant des chiffres aussi évocateurs, il est tout à fait normal de se questionner en tant que parent. Quel effet peut avoir ce réseau social sur le cerveau de mon enfant ? Comment jongler avec cette nouvelle réalité ?
Gare à la chambre d’écho
La force de l’algorithme de TikTok vient de sa capacité à discerner rapidement les intérêts et le type d’humour de l’utilisateur, mais aussi à récolter des informations plus précises, comme son identité de genre, son orientation sexuelle ou ses valeurs idéologiques.
Ainsi, plus on passe de temps sur la plateforme, plus notre fil de vidéos (qu’on appelle For You Page) nous présentera du contenu choisi précisément pour nous plaire. Pour l’utilisateur, cet algorithme est un couteau à double tranchant. Bien qu’attrayant, il peut rapidement transformer notre fil de vidéos en chambre d’écho.
En s’exposant uniquement à du contenu qui concorde avec ses propres idées, votre enfant ne développe pas son esprit critique. Pour éviter qu’il n’entretienne une vision déformée de la réalité, veillez à entretenir une conversation ouverte avec lui. Vous pourriez même en tirer des discussions enrichissantes !
TikTok, conçu pour être addictif
Sur TikTok, tout se vit en accéléré. Ses innombrables tendances éphémères (les fameuses trends) ne durent jamais bien plus de quelques jours et les scènes dépassent rarement les 60 secondes. Avec ses courtes vidéos qui se consomment à la chaîne, l’application sait comment attirer notre attention et surtout, comment la garder.
En effet, le réseau social a été développé de façon à créer l’addiction. Comment ? Grâce au principe du renforcement aléatoire. Quand on tombe sur une vidéo qui nous plaît, notre cerveau relâche de la dopamine. Comme pour les jeux de hasard, on ne sait jamais quand la prochaine dose d’hormones du bonheur arrivera. C’est cette récompense sans effort, mais imprévisible qui rend le cerveau accro.
C’est quoi, le « tiktok brain » ?
Un fil interminable de vidéos d’une trentaine de secondes au bout des doigts : c’est tout ce que ça prend pour détériorer notre capacité d’attention, notre concentration et notre mémoire à court terme. Ces effets, additionnés au sentiment de dépendance, ont un nom : le TikTok brain.
Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes cerveaux, qui n’ont pas encore atteint leur plein développement. Pour les enfants, c’est encore plus difficile de résister à l’attrait de la récompense. Les dommages sur la concentration, l’attention et la mémoire sont aussi plus marquants chez les jeunes.
Soyons clairs : la faute ne repose pas uniquement sur les épaules de TikTok. Passer trop de temps devant un écran est nuisible, quel que soit notre âge et peu importe l’usage qu’on en fait.
Comment renverser la vapeur ?
« Que celui qui n’a jamais scrollé lance la première pierre ! ». Pas facile d’imposer des limites à notre enfant quand nous-même, on résiste difficilement à l’appel du cellulaire.
TikTok a récemment annoncé que les comptes d’utilisateurs de moins de 18 ans se verraient imposer une limite de temps d’écran de 60 minutes par jour. Une fois celle-ci atteinte, l’enfant devra entrer un code secret pour revenir à l’application.
Pour le reste, c’est à nous, en tant que parents, de faire en sorte que notre enfant développe un rapport sain avec les réseaux sociaux. Engagez une discussion ouverte avec votre jeune. Discutez avec lui des bons et mauvais côtés des médias sociaux et permettez-lui de s’impliquer activement dans la gestion de son temps d’écran.
Par exemple, vous pouvez :
- Jumeler votre compte à celui de votre enfant en utilisant le « Mode Connexion Famille ». Vous pouvez ainsi déterminer un temps maximal d’utilisation de l’appli, contrôler l’accès au contenu inapproprié et limiter (ou empêcher complètement) les messages privés sur le compte « enfant ».
- Proposer des activités « sans écran », comme aller au parc, jouer à un jeu de société ou dessiner. En participant vous aussi à ces moments de pause, non seulement vous montrez l’exemple, mais vous soignez aussi votre propre cerveau !
- Définir des moments ou encore, des zones de la maison où on n’utilise pas TikTok (ou même, pas de téléphone du tout). Par exemple, la salle à manger durant le souper, ou la chambre à l’heure du dodo.
Si malgré ces mesures, votre enfant a toujours de la difficulté à limiter son utilisation de TikTok, vous pouvez toujours désinstaller l’appli de son téléphone. S’il n’y a accès que sur l’ordinateur, il sera certainement plus conscient du temps qu’il y passe.
Qu’est-ce qu’on retient de tout ça ? |
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En conclusion : Oui, l’usage abusif d’applications sociales comme TikTok (ou du téléphone cellulaire en général) peut être dommageable pour le cerveau, particulièrement celui des jeunes. Il est donc sage de garder un œil avisé sur la consommation qu’en fait notre enfant et d’intervenir au besoin. |