Rôle du parent

Les enfants n’ont plus le temps de jouer

Opinion -

Quand j’étais enfant, le temps semblait désespérément long. Une année scolaire durait une éternité. Même les journées d’été n’en finissaient plus. À cette époque, un rien m’amusait. Ainsi, je bougeais, courais, sautais à cloche-pied entre les fentes du trottoir. Me cachais dans les feuilles mortes à l’automne. Construisais un fort l’hiver pour me protéger d’une éventuelle attaque de boules de neige des voisins. Aujourd’hui, les choses ont changé. Comme le businessman du Petit Prince, je n’ai pas de temps à perdre. Mon horaire – et celui de mon fils – sont réglés à la minute près. Notre agenda se remplit avant même que la semaine commence! Mais où donc caser nos activités?

Les enfants n’ont plus le temps de jouer

Sursollicités, nos enfants?

J’ai toujours pensé qu’avoir du temps à perdre était un privilège réservé à l’enfance. Aussi, j’ai eu un choc le jour où mon garçon s’est étonné que les journées passent trop vite ou que l’année scolaire à peine commencée tire à sa fin. Douze ans, l’âge où on joue encore nonchalamment, et déjà le sentiment que le temps file à toute vitesse! A-t-il seulement le temps de jouer, de s’amuser, de s’activer pour le simple plaisir de bouger? Que sera sa vie? Un voyage en Shinkansen?

 

Je ne fais pourtant pas partie de ces « hyperparents » qui surchargent leur enfant et lui imposent une multitude de cours dans l’espoir qu’il devienne un grand musicien, un grand sportif ou un grand diplomate polyglotte. Il y a longtemps que les médecins ont sonné l’alarme à ce sujet. On sait aujourd’hui que les enfants qui vivent dans des familles où la pression est forte connaissent un taux de dépression et d’anxiété très supérieur à la moyenne. Alors comment se fait-il que mon garçon se sente sous pression, qu’il a le sentiment de vivre dans un monde qui va trop vite?

 

Après quelques jours à me questionner, la réponse s’est imposée. Évidente. Tout simplement parce qu’il vit dans le même monde que vous et moi. Je réalise qu’il y a chaque fois un objectif au temps que je passe avec mon garçon. Il y a l’heure des devoirs, de la leçon de piano, celle d’acheter des souliers de course, des patins pour l’hiver, d’aller chez le dentiste ou le coiffeur, de rencontrer les professeurs de l’école ou simplement de visiter les grands-parents. Conséquemment, même le temps alloué aux loisirs est minuté. Match de soccer le samedi matin, cours de natation le jeudi soir, promenade en vélo ou randonnée en famille le dimanche après-midi (puisque c’est le seul temps qui reste!)

 

Le temps libre n’est pas synonyme de temps perdu

Les jeunes d’aujourd’hui grandissent à la cadence de nos vies agitées. Les temps morts n’existent plus. L’agenda, électronique ou papier, impose sa tyrannie. On gère nos vies privées comme on gère une entreprise, en optimisant chaque moment. Or, tous les spécialistes le disent : les enfants ont besoin de temps libre pour intégrer leurs apprentissages et développer leur personnalité et leur imagination. Du temps à ne rien faire. Pour rêver. Découvrir leur monde intérieur. Trouver eux-mêmes ce qu’ils aiment, à leur propre rythme. L’ennui est nécessaire à une bonne santé physique et psychique. Le temps perdu des enfants n’est pas perdu. C’est autant de temps gagné pour construire leur identité et leur autonomie, notamment grâce notamment à des activités spontanées.

 

Qu’en pensez-vous ?

Les enfants jouent de moins en moins dehors, librement, sans activité imposée ou organisée. De quoi avons-nous peur? Qu’ils s’ennuient? Qu’ils paressent? Qu’ils ratent quelque chose? Ou simplement, qu’ils perdent leur temps, si précieux de nos jours? Qu’en pensez-vous? Pouvez-vous supporter de ne pas encadrer vos enfants? D’avoir une page blanche dans l’agenda familial?

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