Laisser son enfant se promener seul dans le voisinage, c’est toute une aventure ! À quel âge peut-il le faire ? Avec qui ? Mais surtout, comment le préparer ? Nous avons demandé des astuces à deux spécialistes qui répondent à nos interrogations. De quoi se faire rassurer.
S’il y a une question qui varie de famille en famille et de quartier en quartier, c’est bien de savoir à quel âge un jeune peut se promener seul autour de chez lui. Au Québec, aucune loi ne régit l’âge auquel les enfants peuvent aller à l’école ou au parc seul. C’est pourquoi il incombe aux parents de juger de la compétence de leur enfant à franchir cette nouvelle étape, en fonction de la réalité du quartier.
Et les avantages de le faire sont nombreux pour les jeunes : développement de l’autonomie, élargissement des horizons, apprentissage de la gestion du risque, connaissance de son environnement, responsabilisation, socialisation…
Mais comment se préparer ? Nous avons demandé à Magalie Bebronne, directrice des programmes, Cycliste averti, chez Vélo Québec, et à Jeanne Robin, directrice principale chez Vivre en Ville, de nous donner des astuces pour apprendre à nos jeunes à se déplacer seuls à pied ou en vélo.
Étape 1 : Donner l’exemple
Pour donner envie aux enfants de se déplacer à pied ou à vélo, rien de tel que de donner l’exemple. Et les habitudes se prennent tôt. « Un enfant qui se n’est jamais déplacé à pied avec ses parents va devoir apprendre lui-même à être un piéton », note Jeanne Robin de Vivre en Ville.
Un truc : on choisit une destination pas trop loin de la maison où l’on a l’habitude de se rendre à pied : la bibliothèque, la maison d’un ami ou d’un membre de la famille, l’épicerie…
Idem pour les déplacements à vélo. Magalie Bebronne de Vélo Québec comprend les parents qui s’en tiennent à la piste cyclable en famille : la cohabitation avec les automobilistes peut être difficile à gérer. Mais elle ajoute du même souffle qu’en habituant nos jeunes à se déplacer activement, on leur fait aussi tout un cadeau.
Étape 2 : Choisir le bon moment
Vous trouvez votre petite de 4 ans et demi bien mature pour son âge ? Ce n’est peut-être pas une raison pour l’envoyer à la garderie toute seule ! Même si l’âge auquel un enfant peut se promener seul varie selon son environnement et sa maturité, il y a des aptitudes qui prennent du temps à se développer.
Magalie Bebronne de Vélo Québec souligne que c’est en 5e et 6e année que le programme Cycliste Averti, qui apprend aux jeunes à se déplacer de façon autonome et sécuritaire à vélo, est enseigné. « Avant cet âge, on n’a pas toutes les capacités cognitives pour anticiper les actions des autres, prendre de bonnes décisions et avoir de bonnes réactions », invoque-t-elle.
Étape 3 : Apprendre le Code de la route
Même très jeunes, les enfants peuvent comprendre des consignes simples comme celle de regarder des deux côtés de la rue avant de la traverser. Jeanne Robin souligne que la popularité des vélos d’équilibre (draisiennes) ces dernières années a un avantage : comme les tout-petits se déplacent très vite sur ce type de vélo, ils apprennent à patienter au coin de la rue.
Et lorsqu’on pense que le Code de la route a été bien intégré, on s’assure d’avoir vu notre jeune traverser la rue au moins 5 fois de façon adéquate avant de le laisser faire seul, suggère Jeanne Robin.
En gros, il faut démontrer à nos enfants que les règles existent… mais que tout le monde ne les respecte pas. Ainsi il ne faut pas présumer qu’un automobiliste nous voit si nous le voyons. Lorsque la lumière des piétons s’allume, il faut quand même jeter un regard aux voitures aux alentours. « C’est un défi, car il faut rendre nos jeunes vigilants sans être paranoïaque, dit Jeanne Robin. Il faut leur apprendre que l’environnement urbain est ponctué de défis et de rencontres avec les autres ».
Étape 4 : Vérifier la bonne maîtrise du vélo
Apprendre à rouler de façon sécuritaire demeure un défi pour bien des jeunes. Magalie Bebronne de Vélo Québec souligne que lorsqu’elle donne la formation Cyclistes avertis, elle est toujours confrontée à environ 20 % des jeunes qui n’ont jamais appris à pédaler. D’autres freinent avec leurs pieds ou avec une seule main.
Avant de responsabiliser notre enfant à aller à l’école en vélo, on s’assure donc qu’il est à l’aise sur sa monture. Si on constate qu’il a toujours des faiblesses, on enlève les pédales et on repart, façon vélo d’équilibre. Selon notre spécialiste, il s’agit du meilleur moyen de développer l’équilibre et donc, d’apprendre à rouler.
Étape 5 : Jouer à se déplacer seul
Une fois que les bases sont acquises, on peut demander à notre enfant de nous guider vers l’école ou vers un autre point d’intérêt. À pied ou à vélo, on se place derrière lui et on lui demande de nous expliquer le chemin.
On s’assure aussi de pratiquer autant le chemin de l’aller que du retour : chacun a ses particularités et des points de repère différents.
Une autre bonne façon de préparer nos jeunes est d’utiliser les outils technologiques à notre disposition. « Avec Google Maps, on voit des prises aériennes de notre quartier. On peut ainsi apprendre à l’enfant à lire un plan, à reconnaître des lieux familiers et à tracer son chemin sur l’ordinateur », explique Jeanne Robin.
Étape 6 : Reconnaître qu’on est un acteur de changement
Jeanne Robin de Vivre en ville souligne un dernier élément : en tant que parent, on peut servir notre municipalité en lui donnant des informations et ainsi devenir un acteur de changement. Les trottoirs sont entravés ? La traverse piétonne n’est jamais respectée par les voitures ? Les lignes de la traverse sont devenues trop pâles avec les années ? Il ne tient qu’à nous de le signaler. Au bout du compte, on améliore la sécurité de nos enfants.
Les obstacles à la mobilité indépendante selon les parents |
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Article réalisé en partenariat avec la Table sur le mode de vie physiquement actif (TMVPA). |
Source :
- Les préoccupations parentales concernant le jeu actif des enfants de 3 à 12 ans à l’extérieur, Rapport de l’Université du Québec en Outaouais et de Kino-Québec, juillet 2017.